[Chronique] La Faucheuse – tome 3 : Le Glas, de Neal Shusterman

 Le Glas
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« C’était une attaque de faucheurs. Et de même qu’il n’avait pu intervenir sur la Lune, sur Mars, ou dans la colonie orbitale, il ne pouvait lever le petit doigt pour stopper cette offensive. Il devrait se contenter d’observer les faucheurs réduire à néant ce qu’il avait mis tant d’efforts à construire, une fois de plus. Le Thunderhead ignorait la haine. Cependant, il songea que d’ici la fin de la journée, il connaîtrait peut-être ce sentiment. »


 
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La Faucheuse – tome 3 : Le Glas
Auteur :
Neal Shusterman
Traductrice : Cécile Ardilly
Illustration
: Kevin Tong
Éditeur : Robert Laffont
Genre : Science-fiction
Date de parution : 28 novembre 2019
Nombre de pages : 713
Prix : 21 €
Synopsis

Dans un monde qui a conquis la mort, l’humanité sera-t-elle anéantie par les êtres immortels auxquels elle a donné naissance ?
Le sinistre maître Goddard se prépare à prendre le pouvoir suprême sur la communauté des faucheurs. Seul celui qu’on nomme  » le glas  » pourrait faire basculer l’humanité du côté de la vie…

MON avis

Le Glas signe la fin de cette trilogie young adult de haute volée dont le deuxième avait été pour moi un immense coup de cœur. Il était donc difficile de faire mieux et si le début de ce dernier tome m’a laissé dubitative, la suite confirme l’immense qualité de cette saga. 

Mais où l’auteur nous emmène-t-il ?

Comme je le disais, ce troisième tome n’est facile à appréhender et je dois même avouer que pendant les 300 premières pages j’avais un peu l’impression tourner en rond ne comprenant pas où l’auteur voulait m’emmener. Alors 300 pages, vous direz c’est long, mais ces 300 premières pages ne sont pas non plus dénuées d’intérêt et elles nous perdent pour mieux nous surprendre par la suite ! 

Il faut également prendre en compte le fait que j’ai lu le tome 2 à sa sortie il y a donc deux ans, et même si j’en gardais un bon souvenir (surtout de sa fin exceptionnelle), j’avais oublié pas mal de choses. Il m’a fallu du temps pour m’immerger à nouveau dans cet univers assez dense, ce qui ne sera pas forcément le cas pour ceux qui enchaînerait les deux tomes. De plus, Neal Shusterman rappelle de manière très avisé les évènements passés dans les tomes précédents donc c’est finalement très simple de retourner dans l’univers même si ces éléments sont étalés donc il m’est arrivé à la page 500 de m’écrier « ah mais oui, c’est vrai qu’il s’est passé ça dans le tome 2 ». En effet, Neal Shusterman aime dissimiler des petits éléments tout au long de son intrigue pour s’en servir que bien plus tard et c’est ce qui contribue également à la richesse de son intrigue. 

Comme ça a été le cas dans les deux premiers tomes, Neal Shusterman prend encore une direction très différente dans ce troisième. Après la fin cataclysmique du deuxième tome, le ton est ici plus grave et on sent venir un point non-retour. L’auteur a choisi une mise en place très lente dans ce tome. On passe d’un personnage à un autre les observant mettre en place certaines sans bien réussir à faire le lien dans tout ça, jusqu’à la deuxième partie où l’auteur reprend tous les éléments installés pour les unir de manière magistrale. 

Une fin magistrale

L’auteur met ainsi en place toutes les pièces et l’intrigue prend une nouvelle dimension dont j’ai vu venir certains éléments, sans que ça ait gâché quoi que ce soit (surtout que cela est dû aux indices laissés par l’auteur). Cette fin remet beaucoup de choses en question et démontre encore une fois l’intelligence de cette saga. Pour moi La Faucheuse, est une des sagas young adult la plus intelligente voire même LA plus intelligente que j’ai pu lire. Chaque chapitre nous amène des pistes de réflexion que cela soit sur des questions d’actualité ou sur des questions plus philosophiques sur la nature humaine ou sur la religion, par exemple. De très nombreux sujets sont abordés et toujours de manière très adroite. L’auteur nous amène à notre propre réflexion à travers toute une palette de personnages, certains représentant les extrêmes, d’autres étant plus nuancés.  

L’intelligence artificiel est également beaucoup questionnée dans ce tome qui met vraiment en avant le personnage du Thunderhead. Malgré le fait que ce personnage ne soit pas un humain, c’est vraiment celui qui m’a le plus touché dans ce dernier tome. Le Thunderhead se livre complètement à nous, on ressent pour lui des émotions qu’il ne connaît pas lui-même, notamment beaucoup d’impuissance d’être réduit à assister à certains sans pouvoir rien y faire. J’ai également eu un gros pincement au cœur pour le sort réserver au Thunderhead à la fin du roman. Et en même temps, ce genre de fin douce-amère sont celles que je préfère et je n’en aurais pas vu de plus parfaite.

Je n’ai pas vraiment parler de l’intrigue principale, difficile de le faire sans trop en dévoiler. Je ne peux parler que des personnages que l’on retrouve : Rowan et Citra, bien sûr que l’on suivait depuis le premier tome. Je les ai trouvés assez effacés dans ce tome surtout Rowan, l’intrigue prend une dimension bien trop énorme pour pouvoir rester concentrée sur ces deux personnages, même si Citra aura un rôle intéressant. Celui qui aura une place importante dans ce tome est bien Le Glas. Car sous ce titre mystérieux se cache bien un personnage que l’on connaît déjà et qui va avoir une grande influence sur les bouleversements qui se produisent dans ce dernier tome.

Je n’en dirais pas plus, l’intrigue, passée les 300 premières pages, est haletante et nous emmène vers une restructuration totale du monde créé pour cette trilogie. La fin ne satisfera pas tout le monde, car elle peut paraître un peu « facile » au premier abord. Je me suis moi-même questionnée pour savoir si j’y adhérais ou pas et, finalement, je pense que le sort des personnages est secondaire par rapport à toute la modification profonde de la société que toute cette intrigue a engendré et l’évolution de l’humanité de manière globale. Et sur ces derniers points, j’ai simplement été scotchée. Que demandez de plus ? 


Conclusion


Le Glas termine en beauté la trilogie de La Faucheuse en offrant une nouvelle dimension à la saga. Même si les 300 premières pages sont déroutantes, car l’auteur place ses cartes petit à petit dans plein de directions différentes et qu’il est donc difficile de comprendre où il nous emmène, il replace tout dans une deuxième partie explosive. Ce tome nous propose également des questionnements toujours plus intéressants et intelligents sur de nombreuses thématiques comme la religion, la nature humaine ou l’intelligence artificiel à travers l’incroyable personnage du Thunderhead qui se dévoile complètement dans ce tome. Plus qu’un dénouement à l’échelle des personnages, la fin nous dévoile surtout une restructuration totale de la société hyper intelligente et amenée à la perfection par cette intrigue ! 

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