[Chronique] Les livres de la terre fracturée – tome 1 : la cinquième saison de N. K. Jemisin

La cinquième saison
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« Premièrement, garder les portes. Veiller à la propreté et à la sécheresse des caches. Obéir à la lithomnésie. Prendre les décisions difficiles. Peut-être alors, à la fin de la Saison, restera-t-il des gens pour se rappeler à quoi devrait ressembler la civilisation. »


 
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La cinquième saison
Autrice :
N. K. Jemisin
Traduction : Michelle Charrier
Éditeur : J’ai Lu
Genre : Fantasy / Science fiction
Date de parution : 6 septembre 2017
Nombre de pages : 454
Prix : 8,90€
Synopsis

La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s’est d’ailleurs déjà produit plus d’une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d’interminables nuits auxquelles l’humanité n’a survécu que de justesse. Les gens comme vous, les orogènes, qui possédez le talent de dompter volcans et séismes, devraient être vénérés. Mais c’est tout l’inverse. Vous devez vous cacher, vous faire passer pour une autre. Jusqu’au jour où votre mari découvre la vérité, massacre de ses poings votre fils de trois ans et kidnappe votre fille. Vous allez les retrouver, et peu importe que le monde soit en train de partir en morceaux.

MON avis

La cinquième saison est le premier tome de la trilogie des Livres de la terre fracturée. Le roman a été encensé par la critique et a notamment reçu le fameux prix Hugo du meilleur roman. 

Un univers froid et pesant

Cette trilogie nous présente un univers à mi-chemin entre fantasy et science-fiction. On découvre une planète (la Terre ?) dans un futur très lointain où plus rien n’est reconnaissable. Le changement climatique et les catastrophes naturelles ont complètement modifié le paysage et les personnages évoluent dans une optique de survie. Les oppressions ont également changé de visage, mais sont toujours bien présentes dans le récit et sont même une thématique clé de l’intrigue. Les différences comme la couleur de peau ne sont plus un motif d’oppression, à la place c’est une population bien précise appelée les orogènes qui subit les discriminations. Les orogènes possèdent une sensibilité particulière leur permettant de ressentir voire de contrôler les mouvements sismiques évitant ainsi nombre de catastrophes. Pourquoi ne sont-ils pas vénérés au lieu d’être contrôlés et pourchassés ? C’est l’une des nombreuses questions auxquelles ce livre nous confronte. La réponse réside en grande partie dans la peur et c’est bien le sentiment qui représente le mieux l’atmosphère de ce roman. La peur suinte de ces pages, la peur des changements climatiques avec cette fameuse cinquième saison, la peur des êtres différents, la peur d’être découverts pour les orogènes cachés parmi la population… L’atmosphère se dégageant de ce récit est ainsi très lourde et oppressante. Même si un certain humour noir est présent dans certains passages, ce livre est loin d’être une bouffée d’air frais. C’est un roman froid, tranchant et difficile qui dénonce.

Des personnages qui font la force du roman

On entre dans cet univers hostile en suivant trois personnages, trois femmes appartenant aux groupes de orogènes, mais à différents niveaux d’apprentissage. Car oui, les orogènes, quand ils découvrent leur pouvoir, sont envoyés dans un établissement spécialisé où ils sont contrôlés, embrigadés et passent différents niveaux correspondant à leur degré de contrôle de leur pouvoir. 

Ces trois femmes ainsi que les personnages secondaires qui gravitent autour d’elles sont particulièrement bien construits et intéressants à suivre et très diversifiés. Les trois femmes possèdent une très grande force ainsi qu’une certaine aura très mystérieuse voire même un peu mystique. Pour l’une des femmes, Essun, l’autrice utilise une narration particulière puisqu’elle écrit à la deuxième personne. Le premier chapitre lui correspondant commence ainsi par : « Vous êtes elle. Elle est vous. Vous êtes Essun ». Ce procédé est très déstabilisant, forçant le lecteur à se mettre dans la peau de ce personnage si torturé rendant la dureté de ce qu’elle subit d’autant plus percutant. 

De manière générale, la narration a été très bien pensée de la part de l’autrice nous offrant avec beaucoup de subtilité des révélations inattendues, nous faisant complètement changer notre regard sur ce qu’on a pu lire avant. Face à tout ce mystère, il est très difficile de se faire une opinion tranchée sur les personnages. Ils sont si gris et humains qu’on les déteste autant qu’ils nous intriguent. 

Des thématiques qui ne m’ont pas forcément touchées

Si je reconnais l’intelligence de ce récit et comprend pourquoi il a reçu autant de bons avis, je dois avouer que ce premier tome n’a pas été la claque que j’attendais. 

Je n’ai d’abord pas été vraiment convaincue par la plume de l’autrice, très froide et parfois un peu alambiquée, ce qui fait que j’ai eu du mal à rentrer dans cet univers. L’autrice dévoile les informations sur son univers au compte-goutte, et je n’ai pas trouvé ce premier tome extrêmement développé à ce niveau-là. Que ce soit en termes d’univers ou d’intrigue, j’ai ressenti un côté très introductif auquel je ne m’attendais pas. 

Mais je pense que ce qui a le plus coincé avec moi sont les thématiques abordés. La thématique de la différence et des oppressions est une thématique que j’apprécie, mais je l’ai trouvé développée de manière très classique ici. J’ai peut-être lu trop de livres l’abordant, mais il m’a manqué un petit truc en plus qui pourrait différencier ce livre de tous les autres (outre l’univers très original). Une autre thématique énormément développée, notamment dans le dernier tiers du récit est celui de la maternité. J’ai vraiment eu le sentiment que cette thématique était celle que l’autrice voulait le plus mettre en avant et ça ne m’a absolument pas touchée. La thématique est pourtant bien traitée et je ne doute pas qu’elle touchera toute personnage sensible à celle-ci, mais ça ne fonctionne tout simplement avec moi. Je suis donc malheureusement passé à côté de tout cet aspect du récit.  


Conclusion


La cinquième saison est un premier tome à la narration très intelligente nous amenant dans un monde froid et oppressant où la survie et la peur sont au cœur des préoccupations. Les trois femmes que l’on suit sont des personnages particulièrement bien construits. Elles sont fortes, indépendantes et très mystérieuses, mais surtout ce sont des personnages gris. L’autrice nous immerge dans leur univers sans nous forcer à les aimer, mais nous aide à les comprendre. Elle nous offre ainsi un récit sombre qui dénonce de nombreuses choses et où les thématiques de l’oppression et de la maternité sont particulièrement mises en avant. 

bonne lecture

5 réflexions sur “[Chronique] Les livres de la terre fracturée – tome 1 : la cinquième saison de N. K. Jemisin

  1. Baroona 12 août 2020 / 20 h 51 min

    C’est improbable, tous les éléments « négatifs » que tu cites – la violence, un texte trop alambiqué, la thematique de la maternité – sont des choses que je n’apprécie guère… et pourtant j’ai adoré ce livre. ^^
    Tu t’arrêtes là du coup ou tu comptes tenter le deux (qui est dans la lignée, même si plus technique) quand même ?

    Aimé par 1 personne

    • Sometimes a book 13 août 2020 / 14 h 38 min

      J’ai déjà le deuxième tome dans ma pal donc je pense que je continuerais quand même !

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