[Chronique] Je suis ta nuit, de Loïc Le Borgne

je suis ta nuit
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« Je vais écrire ces jours enfuis. Une histoire de peur et de néant, mais aussi de rires et de lumière. Les premiers n’existent pas sans les seconds, c’est une éternelle dualité. »


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Je suis ta nuit
Auteur :
Loïc Le Borgne
Éditeur : ActuSF (réédition)
Genre : Fantastique
Date de parution : 12 juin 2020
Nombre de pages : 377
Prix : 19,90 €
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Synopsis
La France, un été, quelque part dans les années 80. Pendant un banal concours de casse-bouteilles, six enfants découvrent un cadavre mutilé, sans lèvres, sans sexe et sans doigts. Et ce n’est que le premier d’une longue série. Pierre et sa bande de copains inséparables sont obligés d’enterrer leur enfance et certains de leurs proches alors que le Puits et l’homme au chapeau haut-de-forme s’emparent peu à peu de leur innocence.

MON avis

Je suis ta nuit est la réédition d’un roman paru initialement aux éditions Intervista en 2008, puis au Livre de Poche. 

Un hommage à Stephen King ?

On y suit une bande de six enfants d’une dizaine d’années dans les années 1980 qui vont être confrontés à des évènements tragiques causés par un étrange personnage appelé Le Bonhomme nuit. Ce résumé n’est pas sans rappeler le Ça de Stephen King et il est vrai que Je suis ta nuit y fait énormément penser. La bande de personnages tout d’abord rappelle celle du Club des Ratés : une seule fille, un noir, un gros… si ces clichés m’ont déplu au premier abord, l’auteur n’insiste pas dessus, ne les alimente pas et on finit par les oublier. Les six enfants sont poursuivis par un personnage mystérieux coiffé d’un chapeau haut-de-forme qui fait encore une fois penser au clown de Ça. Cependant, les ressemblances avec le récit de King s’arrêtent là : l’intrigue de Je suis ta nuit allant droit au but avec une intrigue se voulant page turner quand Stephen King lui prenait énormément de temps pour poser son univers et ses personnages. 

Ainsi l’intrigue de Je suis ta nuit est extrêmement dynamique. Pierre, le personnage principal raconte les évènements qu’il a vécu lorsqu’il était enfant sans s’attarder sur les détails. Chaque chapitre conte un nouvel évènement tragique qui lui est arrivé le tout montant crescendo au fil des pages. L’auteur gère bien l’ambiance de son récit le rendant parfait pour la période d’Halloween. L’angoisse est présente dès les premiers chapitres et ne retombent pas avant la fin du roman. Cependant l’histoire reste assez soft et ne devrait pas vous faire faire de cauchemars, même si elle aborde des sujets difficiles. Si j’ai aimé l’ambiance du récit, j’aurais aimé que l’auteur développe un peu plus son intrigue. On comprend vite où l’auteur nous emmène à cause de la trame très linéaire, ce qui diminue l’immersion dans cet univers fortement teinté années 80 dans son esthétisme. Globalement, l’auteur nous conte tous les éléments tragiques qui sont survenus cet été-là mais ne s’attarde sur rien d’autre. Il ne prend pas le temps de développer les personnages, ni l’atmosphère du récit, préférant une intrigue basée sur l’action et les dialogues. C’est efficace et agréable à lire, mais le tout manque un peu de rondeur et on ne croit pas forcément aux actions des personnages.  

Un roman d’horreur… mais pas que !

L’auteur nous emmène pendant une très grande partie du roman dans une intrigue mêlant horreur et fantastique de manière assez classique. Il gère assez bien son suspense, ce qui donne toujours envie de continuer pour savoir comment les personnages vont s’en sortir. Puis il prend le contrepied de tout ça en proposant une thématique tout à fait inattendue qui rend le récit beaucoup plus profond qu’il n’y paraissait et que j’ai trouvé très bien traitée. Finalement, fantastique ou réalisme, l’auteur laisse le choix au lecteur de se faire sa propre opinion, ce qui m’a très agréablement surprise. Le roman possède une profonde noirceur, mais finalement teintée de quelques touches de lumière qui le rend plus nuancé. C’est un récit faisant la part belle à l’amitié même dans ses instants les plus sombres, un bon divertissement qui nous emmène dans des chemins sinueux au bout desquels se cachent des messages importants. 


Conclusion


Je suis ta nuit est un roman horrifique nous ramenant dans les années 80 au côté d’une bande d’enfants ayant été confrontés à des évènements tragiques. Il donc n’est pas sans rappeler Ça de Stephen King dans son atmosphère et dans les thématiques liées à l’enfance qui sont abordées. Mais ici le récit est construit comme un page turner allant droit à l’essentiel sans prendre le temps de vraiment développer l’univers et les personnages. Le tout aurait donc pu être plus immersif, mais l’atmosphère horrifique est assez bien gérée tout au long du roman. De plus, la fin nous offre un revirement très intéressant abordant une thématique importante et inattendue et nous laissant finalement le choix sur la manière d’interpréter toute cette histoire.

Bonne lecture

5 réflexions sur “[Chronique] Je suis ta nuit, de Loïc Le Borgne

  1. OmbreBones 28 octobre 2020 / 18 h 34 min

    Je n’étais pas trop attirée par ce titre mais ta chronique me fait changer d’avis ! Ça m’a l’air pas mal, merci pour la découverte ☺️

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