[Chronique] Entre deux mondes d’Olivier Norek

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« Et comme l’espoir tue autant qu’il occupe, il lui en injecta une bonne dose, directement dans le cœur. »


 
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Entre deux mondes
Auteur : Olivier Norek
Éditeur : Pocket
Genre : Thriller
Date de parution : 5 octobre 2017
Nombre de pages : 376
Prix : 7,50 €
Synospsis
Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l’attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.
Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu’il découvre, en revanche, c’est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n’ose mettre les pieds.
Un assassin va profiter de cette situation.
Dès le premier crime, Adam décide d’intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est flic, et que face à l’espoir qui s’amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu’elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d’ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.

MON avis

Dans Entre deux mondes, Olivier Norek quitte les banlieues du 93 pour nous emmener au cœur de la jungle de Calais. L’auteur s’engage donc dans un thème très périlleux, très peu ont osé l’aborder avant lui et il était aisé de tomber dans des clichés et des exagérations, mais Olivier Norek maîtrise extrêmement bien son sujet et nous livre un récit d’une grande justesse. 

En effet, on sent que l’auteur sait de quoi il parle et que rien n’est laissé au hasard. Outre la parfaite connaissance du monde de la police puisqu’il est lui-même issu de ce milieu, on sent qu’il est allé lui-même à Calais voir la situation de manière à nous offrir un récit au plus près de la réalité. La description de la ville et du camp des migrants, les rapports entre la police et les personnes vivants dans la jungle, les contrôles pour les empêcher de passer la frontière, tout est extrêmement réaliste et c’est ce qui fait la grande force de ce récit et surtout son côté glaçant. On est ici sur un roman choc difficile à lire. Les premiers chapitres sont particulièrement éprouvants. La suite du récit s’adoucit un peu, même si le ton est loin d’être joyeux, l’enquête policière et les liens qui se forgent entre les personnages redonnent un peu d’espoir qui est quand même très peu présent dans ces pages, avant que tout retombe dans une fin assez bouleversante. J’ai beaucoup aimé cette fin et le fait que l’auteur ne tombe pas dans la facilité d’un gros Happy end. J’ai été surprise par la direction qu’a pris le récit. Malgré le fait qu’on soit plus dans le récit de vies tragiques et pas vraiment dans un thriller, l’auteur réussi à installer du suspens dans son intrigue et à nous surprendre. Le récit prend également un ton de plus en plus psychologique qui fonctionne parfaitement bien et rend le récit d’autant plus dramatique et percutant. 

L’un des points très intéressant du roman est qu’il écrit avec des points de vue des deux côtés de la barrière. On suit à la fois le parcours d’immigrés dans leur fuite jusqu’à Calais, puis leur vie à l’intérieur de la jungle, mais aussi le quotidien des policiers qui sont complètement dépassés par la situation. Des deux côtés, il y a une recherche d’un reste d’humanité et de moralité. Il n’y a pas de gentils et de méchants comme on en trouve souvent dans les romans policiers classiques, ici il n’y a que des hommes, qui tentent d’atteindre leur but et de survivre par tous les moyens. Tous les personnages flirtent avec l’illégalité ou plongent complètement dedans, mais on les comprend et il est difficile de ne pas être touché par leur situation. Dans ce roman, on s’attache à tous les personnages sans aucuns préjugés, car tous sont extrêmement réalistes et développés avec beaucoup de profondeur. 

Le but premier du roman est sûrement de nous montrer la situation à Calais et de nous faire prendre conscience des choses qui s’y passent, mais il est loin de s’arrêter à ça. Le thème est important et c’est d’autant plus réussi que l’auteur parvient à intégrer dans ce contexte difficile une intrigue fictionnelle passionnante qui rend le livre très addictif et difficile à lâcher tout en restant très proche de la réalité. Le mélange fiction/réalité est donc extrêmement maîtrisé et permet d’informer sur le sujet par un autre biais que les médias habituels sans avoir non plus l’impression de lire un manuel scolaire. Olivier Norek a donc pris un pari risqué avec ce roman et il a réussi à en faire une œuvre qu’on n’est pas près d’oublier. 


Conclusion


Olivier Norek nous livre un roman fort sur un sujet très difficile à traiter. Rien n’est laissé au hasard dans le récit qui nous mène au-delà des différences dans les pas de personnages très attachants qui vont créer des liens aussi profonds qu’inattendus. Le rapport réalité/fiction est extrêmement bien maîtrisé, l’auteur réussi à parler de sujets graves avec beaucoup de réalisme tout en nous proposant une intrigue passionnante et pleine de suspens.

tb lecture

 

3 réflexions sur “[Chronique] Entre deux mondes d’Olivier Norek

  1. Callysse 25 juin 2019 / 11 h 28 min

    Un roman qu’il faut absolument que je lise! Mais je veux terminer sa série d’abord (il me reste le 3ème et dernier tome à lire).

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