[Chronique] Les Noces de la renarde, de Floriane Soulas #PLIB2020

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« Malgré la révélation tant attendue, elle ne pouvait s’empêcher de ressasser les dernières paroles de la vieille femme. Les noces de la renarde. Elle sentait qu’il y avait quelque chose dans ces quelques mots, un sens caché qui lui échappait. Quelque chose d’important dont elle ne faisait qu’effleurer la surface. »


 
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Les Noces de la renarde
Autrice
: Floriane Soulas
Illustrateur : Aurélien Police
Éditeur : Scrinéo
Genre : Fantasy
Date de parution : 2 mai 2019
Nombre de pages : 586
Prix : 18,90 €
#ISBN9782367407043
Synopsis

1461, Japon. Hikari vit dans les forêts peuplées de croyances et de dieux du Japon du 15ème siècle et s’intéresse de près au village installé au pied de la montagne… à ses risques et périls.

2016, Tokyo. Mina, qui a le pouvoir de voir les yokaï, esprits et monstres du folklore japonais, va se laisser entraîner dans une chasse au démon, en plein cœur de Tokyo.

Deux univers qui se croisent et s’entremêlent, entre quête d’identité et désir d’émancipation.

MON avis

Les Noces de la renarde fait partie des 20 présélectionnes du PLIB2020. J’avais déjà pu découvrir l’autrice à travers son premier roman Rouille qui avait été une lecture assez sympathique, mais non exempte de défauts. Ma lecture de son deuxième roman s’est moins bien passé puisque je l’ai trouvé beaucoup moins abouti que Rouille.  

Tout d’abord, et chose qui ne m’avait pourtant pas marqué dans le précédent livre de l’autrice, j’ai été gênée ici par le style d’écriture. Le style est très simple voire un peu scolaire avec des phrases très courtes et assez hachées. C’est d’ailleurs le sentiment général qui ressort de ce récit que ça soit par l’écriture ou par l’intrigue, le côté très haché qui donne l’impression que les scènes ne sont pas reliées entre elles. Le roman n’est pas dépourvu d’un fil conducteur, on peut même évoquer deux fils conducteurs différents puisque les chapitres alternent entre récit au passé et récit au présent et pourtant j’ai eu le sentiment que le tout manquait de transitions. Cela est particulièrement marquée pour la partie au présent dans laquelle l’intrigue se révèle un peu plus complexe et moins linéaire. Il est difficile de faire le lien entre les différentes scènes et le fait que certains chapitres soient coupés par le changement de temporalité n’aide pas. La structure du récit en elle-même manque donc de maîtrise et de solidité, ce qui n’aide pas à s’immerger dans cet univers pourtant sensé être dépaysant. 

Néanmoins, même si le récit au présent souffre des problèmes évoqués précédemment, c’est la partie qui m’a le plus convaincue en termes d’intrigues. Le récit au passé nous emmène au cœur du folklore japonais puisque l’on va découvrir les relations qu’entretiennent humains et dieux. Le récit a l’avantage d’aborder de façon très claire les mythes japonais si bien que le roman est très abordable pour les néophytes même si j’ai eu l’impression (peut-être fausse) qu’il restait finalement très en surface des choses et que le tout ne convaincra pas forcément les plus experts. Cependant, la partie au passé est loin d’être originale et l’intrigue reste très convenue et prévisible. Ces défauts auraient peut-être pu devenir un peu plus négligeables si les personnages étaient plus attachants et moins stéréotypés. Malheureusement, et cela est vrai également pour la partie au présent, l’autrice reste très en surface sur la construction de ses personnages et aucun ne se démarque vraiment des autres. Finalement, on ressent beaucoup l’influence de l’autrice sur les décisions de ses personnages et aucun ne semble vraiment agir de manière cohérente ou réfléchie, notamment les personnages ayant un rôle de « méchants » qui manquent de nuances, même s’il y a une volonté d’expliquer leurs motivations. Même si je n’ai pas été convaincue par le récit au passé, le fait de proposer deux récits à des temporalités différentes ne manque pas d’intérêt et permet notamment de mettre en perspective deux époques avec des coutumes différentes, mais également d’opposer le mode de vie des milieux ruraux et des milieux plus citadins.

La partie au présent est réellement le cœur de l’intrigue et la partie où il y a le plus de mystères. L’autrice reprend un thème qui lui semble cher à savoir la quête identitaire à travers le personnage de Mina qui découvre qu’elle est loin d’être une fille ordinaire et va repartir sur les traces de son passé tout en essayant de résoudre une série de meurtres. Énoncée comme cela, l’intrigue fait penser à Rouille, mais l’autrice a réussi à s’éloigner de son précédent roman en proposant ici une intrigue plus douce et au côté mystique plus prononcé. Cette partie du récit nous fait découvrir toute une panoplie de personnages, que j’ai parfois eu du mal à différencier, dans une intrigue foisonnante au rythme plus soutenu. Les idées développées dans cette partie sont beaucoup plus intéressantes, mais je regrette quand même un aspect assez brouillon qui donne l’impression de s’égarer dans tous les sens. De plus, l’intrigue est loin d’être dénuée de facilités scénaristiques voire d’incohérences et le tout reste quand même très prévisible notamment à cause du récit au passé qui interfère trop sur le récit au présent. 

Même si j’ai relevé de bons points, cette chronique relève beaucoup d’aspects négatifs sur ce roman. Il ne faut pas oublier que je ne suis pas la cible de celui-ci puisqu’il vise plutôt un public adolescent. Je pense d’ailleurs même que celle que j’étais il y a quelques années aurait pu apprécier ce livre qui permet de s’initier en douceur au folklore japonais. Ce roman est donc loin d’être mauvais, même si cela moi il aurait mérité à être retravaillé plus en profondeur, et convient parfaitement à la cible visée !


Conclusion


Les Noces de la renarde est un récit construit sur deux temporalités. Si la partie au passé reste très convenue et assez répétitive, la partie au présent est plus intéressante dans les idées abordées et dans son rythme plus soutenu. Malheureusement elle souffre de personnages manquant de relief et de facilités scénaristiques. De plus, l’écriture et la construction du récit donne l’impression que le récit est haché et que les différentes scènes manquent de transitions. La présentation du folklore japonais devrait plaire aux plus néophytes, chaque terme étant bien expliqué, mais le développement de l’univers reste trop en surface pour qu’on soit totalement dépaysé par cette lecture. 

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16 réflexions sur “[Chronique] Les Noces de la renarde, de Floriane Soulas #PLIB2020

  1. Babitty Lapina 11 janvier 2020 / 8 h 12 min

    Oh mince, c’est dommage que cela ne t’ai pas plu. Mais ce n’est pas la première fois que je lis des chroniques assez négatives sur ce roman. Il me faisait vraiment envie, mais plus j’en découvre, moins j’ai envie de donner une chance. J’ai par contre beaucoup aimé ta chronique qui est très complète et bien écrite !

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    • Sometimes a book 11 janvier 2020 / 21 h 26 min

      Merci beaucoup pour le compliment, ça me touche vraiment !
      Pour le roman, il faut voir il a aussi beaucoup de chroniques positives et personnellement je suis assez exigeante donc il faut voir selon tes attentes 🙂

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  2. Light And Smell 11 janvier 2020 / 9 h 19 min

    Il est dans ma PAL et je compte le lire, mais le style hachuré me fait un peu peur ne supportant pas en général les textes manquant de liant… Toutefois, je reste tentée d’autant que j’apprécie un point que tu soulèves, la manière dont l’autrice s’assure que ses lecteurs puissent s’approprier le folklore japonais 🙂

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  3. Souffleuse de mots 11 janvier 2020 / 12 h 11 min

    J’ai ce livre dans ma liste d’achat depuis un moment, mais c’est vrai que je n’ai jamais pris le temps de le feuilleter un peu… C’est la première fois, je crois, que je lis un avis négatif dessus, et du coup, je remets cet achat en question… Merci pour cet avis, et désolé pour toi que ça ai été une déception…
    Ta chronique est très bien écrite, au passage 👍🏻

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    • Sometimes a book 11 janvier 2020 / 21 h 29 min

      Comme tu le dis, il y a eu pas mal d’avis positif dessus et moi je suis assez exigeante de manière générale donc il faut voir en fonction de tes attentes !
      Mais ce n’est pas grave pour la déception, ça me peine un peu car j’aime vraiment bien l’autrice, mais c’est comme ça !
      Merci beaucoup pour le compliment 🙂

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  4. OmbreBones 11 janvier 2020 / 18 h 08 min

    Ouais définitivement ce n’est pas un roman pour moi. J’espère qu’il ne va pas passer dans les finalistes… Belle chronique en tout cas !

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    • Sometimes a book 11 janvier 2020 / 21 h 25 min

      Oui clairement je pense pas que ça soit un livre pour toi… Mais bon s’il passe il a l’avantage de se lire très vite au moins !

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      • OmbreBones 11 janvier 2020 / 22 h 34 min

        Ouais comme Rouille mais j’avais quand même pas trop apprécié ma lecture, je ne suis pas du tout le public cible en même temps. Et autant y’a des auteurs qui arrivent à passer outre, autant ici c’est pas le cas.

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  5. plumesdelune 15 janvier 2020 / 16 h 32 min

    Oh c’est dommage j’ai pas du tout eu le même ressenti que toi et j’ai beaucoup aimé cette lecture :/
    Kin

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