[Chronique] Ban Man, de Dathan Auerbach

Bad Man
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« C’était la fonction essentielle de l’espoir, après tout. Anesthésier. Adoucir la réalité, la brouiller juste assez pour nous permettre de continuer à la regarder en face et à avancer, guidés par la conviction que le sol sous nos pas ne peut pas être entièrement recouvert en verre pilé. Et quand on s’aperçoit qu’il l’est – nos plantes de pied réduites à l’état de charpie sanguinolente -, on oublie ce qui nous a poussé jusque-là. »


 
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Bad Man
Auteur
: Dathan Auerbach
Traductrice : Nathalie Peronny
Éditeur : Belfond
Genre : Thriller
Date de parution : 21 février 2019
Nombre de pages : 446
Prix : 21,90 €
Synopsis

MON avis

Bad man est peut-être l’un des romans qui aura le plus partagé ses lecteurs en 2019. Certains ont crié au chef d’œuvre, mais beaucoup sont passés à côté, ont détesté la fin ou n’ont simplement pas pu aller au bout. Si j’ai personnellement aimé ce roman, je ressors de ma lecture avec l’évidence qu’il ne pourra pas plaire à tout le monde du fait de sa construction et sa profonde noirceur.

Bad man est un thriller qu’on pourrait classer dans la catégorie des thrillers psychologiques, mais qui est avant tout un roman d’ambiance. Dathan Auerbach mise tout sur son ambiance très glauque voire macabre parfois peut-être au détriment de l’avancée de son intrigue. Dans ce roman, on va suivre le personnage de Ben qui vit avec le fantôme de son jeune frère disparut cinq ans plus tôt. Pour des questions financières Ben va devoir aller travailler de nuit dans le supermarché même où son frère à disparut alors qu’il était sous sa surveillance. Le récit nous plonge donc dans une Amérique profonde et nous ouvre les portes d’un supermarché à ses heures les plus glauques, là où les clients ne viennent plus et où quelques employés sont chargés de refaire les rayons. L’image du supermarché est très réaliste et il est très aisé de s’immerger dans cette ambiance froide, sombre et déserte. Il faut dire que, comme il nous le révèle à la fin, l’auteur à lui-même travailler dans un contexte similaire. Le roman possède donc un caractère autobiographique et même si l’intrigue en elle-même est complètement différente de la réalité, cela la rend d’autant plus réaliste et encore plus dérangeante. 

Du fait de cette ambiance très noire hyper maîtrisée et immersive, il faut être dans un bon état d’esprit pour débuter ce roman. Je pense que c’est vraiment un livre qui ne se lit pas à n’importe quelle période de sa vie. Ce roman dégage un profond désespoir et mieux vaut donc éviter de lire ce roman dans une période de déprime, car il ne pourra que vous plongez encore plus profondément dans cet état. Personnellement, j’avais envie de lire un roman d’ambiance très glauque (ne me demandez pas pourquoi) et je suis vraiment tombée parfaitement avec ce roman. Comme je le disais donc, l’auteur mise énormément sur son ambiance ce qui donne à son intrigue un côté très pesant. On est immergé dans les sentiments d’un jeune homme totalement rongé par la culpabilité et qui continue sans cesse à chercher son frère sans vraiment voir les années passer. Certains passages du roman peuvent donc sembler un peu répétitifs avec cette quête inlassable qui ne semble mener à rien. L’intrigue avance lentement en nous offrant quand même pas mal de petits rebondissements qui nous font petit à petit tomber dans un piège. Personnellement, j’ai eu beaucoup de mal à lâcher le récit, car j’ai été fascinée par l’ambiance et par les différents personnages. Aucun personnage ne semble vraiment complètement digne de confiance. Le roman finit par nous faire douter de tout et on ne sait plus à quoi ou à qui se raccrocher. Il est donc difficile de vraiment s’attacher ou de s’identifier aux personnages puisque même si on veut les apprécier, on n’est jamais vraiment sûr de pouvoir leur faire confiance. On avance donc le récit et dans cette ambiance extrêmement malsaine à l’aveuglette sans vraiment comprendre ce qui ne tourne pas rond et avec le sentiment qu’on se joue de nous. Ce roman nous emmène donc dans un univers dérangeant duquel aucun espoir ne peut vraiment être tiré et qui peut être autant un régal pour ceux qui aime cette ambiance qu’un moment d’ennui profond pour les autres. 

J’ai quand même été un peu moins emballée par la fin qui m’a paru trop invraisemblable même si j’ai apprécié la conclusion finale à laquelle je ne m’attendais pas. J’aurais finalement rarement lu un livre aussi glaçant de la première à la dernière page et d’autant plus lorsqu’on lit la note de l’auteur à la fin et je pense que c’est ce que je retiendrai de ce roman. Un roman donc à découvrir si vous aimez les ambiances glauques à souhait et que vous êtes prêts à partir avec le personnage principal dans une quête insensée dans laquelle chaque personnage peut vous tromper.  


Conclusion


Bad man est un roman sombre et glaçant qui nous conduit dans la vie glauque et nocturne d’un vieux supermarché dans lequel des évènements de plus en plus étranges vont se produire. L’auteur mise tout sur son ambiance hyper réaliste et immersive pour nous piéger dans son univers et nous faire douter de tout. On ne ressort pas indemne de ce récit qui fascine autant qu’il dérange. L’auteur a pris des risques avec son ambiance lourde et pesante qui peut être aussi passionnante qu’ennuyeuse en fonction de comment on la perçoit. Ainsi ce roman ne pourra pas plaire à tout le monde et mieux vaut être préparer à se plonger dans une histoire dans laquelle l’espoir n’aura pas sa place.

tb lecture

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