[Chronique] Un pays de fantômes, de Margaret Killjoy

Un pays de fantômes

Poussé par une industrie florissante et une politique expansionniste, l’empire borolien se tourne cette fois vers les Cerracs, un territoire montagneux composé d’une poignée de villes et de villages ; une simple formalité.
Journaliste en disgrâce, Dimos Horacki signe désormais des papiers ronflants dans une gazette de la capitale. Mais voilà que son employeur l’envoie au front écrire un article élogieux sur un général en vue de l’armée impériale.
Sur place, Dimos découvre la réalité de l’expansion coloniale, et surtout, il met un visage sur leurs mystérieux ennemis, les anarchistes de Hron, qui défendent non pas leurs possessions, mais leur mode de vie et leur indépendance. Et tandis que la guerre fait rage autour de lui, que ses pas le portent de ferme en village jusqu’à la cité-refuge de Hronople, le reporteur voit peu à peu ses convictions voler en éclat.

MON avis

Un pays de fantômes est un récit de fantasy comme on en voit peu. Plus qu’un récit de fiction, le roman explore la possibilité d’une société différente et questionne sur des enjeux politiques, sociétaux et humains à travers une intrigue bouillonnante. Ainsi, comme on le découvre dans préface rédigée par Patrick K. Dewdney, auteur du Cycle de Syffe, Un pays de fantômes est un roman mettant en avant l’idéologie anarchiste. Le personnage principal, Dimos Horacki un journaliste un peu raté, va être envoyé sur le front pour réaliser un reportage de guerre. Tout ne se passe pas comme prévu et il va être enlevé par les ennemis des combattants qu’il suivait et découvrir un tout nouveau mode de vie et de pensée.

Un pays de fantômes est un récit court et vif qui nous emmène dans le rythme effréné de la guerre. Le roman qui suit le point de vue d’un journaliste est rédigé à la manière d’un reportage rendant le tout très facile et agréable à lire. Scènes de guerres, humour grinçant, exploration sociétale, le récit est toujours riche en idées, en action et en questionnements et propose une découverte de l’idéologie anarchiste adaptée aux plus novices. La classification du roman en fantasy sert avant tout à présenter ce mode de fonctionnement hors du prisme de notre société tout en conservant une grande proximité. Margaret Killjoy nous permet d’explorer un modèle loin des idéaux capitalistes dans lequel l’humain est au centre de tout et qui se base sur les échanges et la communication. Les idées avancées ont de quoi dérouter et c’est la réaction de Dimos lorsqu’il découvre ces nouveaux codes. Petit à petit, le personnage va s’ouvrir à ces nouvelles idéologies et s’intéresser aux différents courants de pensée, car rien n’est figé dans cette société ouverte au partage et à la liberté. Dimos découvre ainsi que l’anarchisme peut finalement prendre beaucoup de formes.

Si un souffle révolutionnaire plane dans les pages de ce récit, Margaret Killjoy dépeint sa société avec douceur et habileté. Véritable récit initiatique, mais aussi récit de guerre et d’aventures, il divertit autant qu’il questionne sans imposer une idéologie. Ainsi Margaret Killjoy reste nuancée dans la société qu’elle dépeint, montrant ses aspects positifs, mais aussi ses limites. Elle ne nous place pas réellement dans un monde utopique, mais présente l’utopie comme un but, une espérance que les personnages pourraient atteindre. Et ça fonctionne bien, si bien même que j’aurais voulu en découvrir plus, aller plus loin dans les questionnements philosophiques, éthiques, politiques, sociétaux qui sont initiés dans le roman. Tout va très vite, ce qui ne permet pas de traiter chaque thématique en profondeur et de s’intéresser vraiment aux différents personnages. Finalement, Un pays de fantômes est une belle porte d’entrée pour commencer à réfléchir à notre société sous un prisme différent. Un roman qui, sous la noirceur de la guerre, se révèle une belle ode à la liberté, humaniste et rempli d’espoir.

bonne lecture

Roman reçu en service de presse de la part des éditions Pocket Imaginaire que je remercie !

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Un pays de fantômes
Autrice :
Margaret Killjoy
Traduction : Mathieu Prioux
Maisons d’édition : Argyll / Pocket
Genre : Fantasy
Publication française :  25 août 2022
Nombre de pages : 272
 pages 
Prix : 19,90 € (broché) / 8,30 € (poche) / 9,99 € (numérique)
 

3 réflexions sur “[Chronique] Un pays de fantômes, de Margaret Killjoy

  1. tampopo24 12 juin 2024 / 5 h 52 min

    Tu décris très bien ce qu’est et n’est pas ce récit. C’est vrai que c’est une réflexion intéressante sur un modèle de société rarement vu. C’est vrai aussi que c’est un peu bref, ce qui m’a frustrée pour ma part, notamment dans mon absence d’attachement et d’intérêt pour les personnages. Je demandais à voir plus

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