[Chronique] L’empire du léopard, d’Emmanuel Chastellière

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« On a beau être cajolés, traités avec déférence, nous restons souvent de simples prisonniers de nos faiblesses, n’est-ce pas ? Nos liens sont parfois invisibles, mais ils sont bel et bien présents. La loyauté s’achète et la liberté se refuse. »


 
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L’empire du Léopard
Auteur
 : Emmanuel Chastellière
Illustrateur : Pierre Droal
Éditeur : Critic
Genre : Fantasy
Date de parution : 19/04/2018
Nombre de pages : 626
Prix : 25 €

Synospsis
1890. Après une épuisante campagne militaire, le royaume de Coronado a conquis l’essentiel de la péninsule de la Lune d’Or. Seul l’Empire du Léopard, perdu dans les montagnes, lui résiste encore. Dans l’attente des renforts promis par sa hiérarchie, le colonel Cérès Orkatz – surnommée la Salamandre – peine à assurer l’ordre sur place, la faute à un vice-roi bien intentionné mais trop faible. Dans ce monde de jungle et de brume, les colons venus faire fortune s’épuisent et meurent à petit feu, même si certains au sein du régiment espèrent toujours découvrir la mythique cité de Tichgu, qui abriterait selon les légendes locales la Fontaine de Jouvence…

MON avis

Emmanuel Chastellière nous propose avec ce roman une fantasy assez peu vue en France, surtout venant d’un auteur français : la Gunpowder Fantasy, une Fantasy à poudre mettant donc en jeu des armes à feu en tous genres. On peut déjà dire que rien que pour ça, le roman mérite qu’on s’y attarde et c’est loin d’être la seule raison ! 

L’Empire du Léopard nous emmène dans la péninsule de la Lune d’Or, territoire colonisé par le Royaume du Coronado parti à la recherche d’un Eldorado qui se révèle être plus de l’ordre du fantasme que de la réalité. Difficile de ne pas faire de rapprochement avec la conquête de l’Amérique du Sud, mais le roman est plus complexe et semble en réalité mélanger les cultes de diverses civilisations pour créer un monde extrêmement dépaysant et recherché. L’originalité et la construction de l’univers sont donc un gros point fort de ce roman, d’autant plus qu’il est extrêmement immersif. J’ai été étonnée par la facilité avec laquelle on plonge au milieu de l’armée de Cérès Orkatz. L’auteur a pris un très grand soin à peaufiner tous ses personnages si bien qu’on a très vite une sensation d’intimité avec eux. De plus, malgré un nombre plutôt important de personnages, ils sont tous très bien caractérisés si bien qu’on n’a jamais de difficulté à les resituer dans l’intrigue. Ce roman peut donc faire peur de par sa taille et son genre assez peu connu en France, mais il se lit avec une très grande fluidité d’autant plus que les chapitres sont assez courts, ce qui donne du dynamisme au récit. 

Comme je le disais, les personnages de ce récit sont particulièrement soignés. Ils ont tous vécu la désillusion d’une campagne militaire décevante et se retrouvent loin de chez eux dans un monde très éloigné de l’image et des espoirs qu’ils s’en étaient fait. La première moitié du roman nous décrit donc cette ambiance pesante qui règne au sein de la colonie et la lutte de Cérès Orkatz pour garder la tête haute. J’ai beaucoup aimé le fait que le personnage principal du roman soit une femme, et particulièrement une femme de la trempe de Cérès Orkatz comme on en voit assez peu. C’est un personnage complexe, qui lutte énormément contre ses anciens démons, mais qui possède une force immense aussi bien sur le plan physique que psychologique. Les personnages secondaires sont tout autant intéressants et bien construits. 

J’ai entendu quelques critiques disant que la première partie manquait un peu de rythme puisqu’elle se concentre énormément sur la création de l »univers et des personnages. Personnellement, je n’ai ressenti aucune lenteur dans le récit, même si effectivement le rythme change du tout au tout entre la première et la seconde moitié. Bien au contraire, j’ai trouvé la première partie très dense. De petits éléments de l’intrigue qui auront une grande importance ensuite se mettent peu à peu en place. Il y a peu d’action, c’est vrai, mais les enjeux économiques, politiques, culturels décrits sont captivants. Bon, il vrai aussi que plus on avance dans l’histoire plus on a envie de découvrir ce fameux Empire du Léopard, contrée extrêmement mystérieuse où l’on devine que tout va se jouer… 

Et lorsqu’on arrive dans la deuxième moitié de l’intrigue, l’ambiance du récit change du tout au tout. L’atmosphère se charge d’une aura un brin mystique. Le temps semble un peu suspendu dans l’attente que les réelles motivations des personnages se révèlent jusqu’à un bouquet final tout simplement incroyable. Le rythme s’emballe alors et la folie et l’horreur s’emparent du récit. Difficile de relâcher le roman avant d’atteindre la dernière page… Je préfère ne pas trop en dévoiler sur cette partie, néanmoins, il faut avoir le cœur bien accroché, car l’auteur va assez loin dans le côté sombre et la violence, ce qui ne plaira peut-être pas à tout le monde. Personnellement, c’est un passage qui m’a marquée et je pense que je me souviendrais donc longtemps de ce roman ! 

Enfin, si tous ces éléments n’ont pas encore réussi à vous convaincre, il y en reste un que je n’ai pas encore abordé et qui pourtant est un peu la cerise sur le gâteau : plus qu’un roman aux enjeux politiques, il est également question d’alchimie et de fées dans l’Empire du Léopard. Alors, est-ce un mythe ou une réalité enfouie qu’il ne vaut mieux pas déterrer ? Je vous laisse le découvrir. 

Conclusion 

L’Empire du Léopard est un roman de fantasy exotique très original grâce à son contexte géopolitique et sa classification en Gunpowder Fantasy. L’univers et les personnages sont approfondis et bien construits et, même, si la première moitié peu sembler un peu lente, elle permet de mettre brillamment en place l’intrigue et de nous préparer à une deuxième moitié époustouflante. 

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