[Chronique] La Passe-miroir – tome 4 : La tempête des échos de Christelle Dabos

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« Sa voix mouillée se nota dans la chemise de Thorn. Dans un crissement de ferraille, il avait pressé Ophélie contre lui, rudement, comme s’il voulait contenir sa souffrance avec la même violence qu’il se faisait pour dompter ses griffes, mais les excuses continuèrent de déborder d’elle, en sanglots désordonnés, encore et encore et encore. »


 
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La tempête des échos
Autrice
: Christelle Dabos
Illustrateur : Laurent Gapaillard

Éditeur
: Gallimard
Genre : Fantasy
Date de parution : 28 novembre 2019
Nombre de pages : 568
Prix : 19,90 €
Synopsis
Le monde est sens dessus dessous. L’effondrement des arches a bel et bien commencé. Une seule solution pour l’enrayer : trouver le responsable. Trouver l’Autre. Mais comment faire sans seulement savoir à quoi il ressemble ? Ophélie et Thorn se lancent ensemble sur la piste des échos, ces étranges phénomènes qui semblent la clef de toutes les énigmes. Ils devront explorer plus en profondeur les coulisses de Babel ainsi que leur propre mémoire. Et pendant ce temps, sur Arc-en-Terre, Dieu pourrait bien obtenir le pouvoir qu’il convoite tant. De lui ou de l’Autre, qui représente la plus grande menace ?

MON avis

C’était peut-être LA lecture que j’attendais avec le plus d’impatience cette année et je n’ai donc pas pu attendre pour le découvrir. Alors, fin de saga à la hauteur des précédents tomes ? Une question à laquelle il est plus difficile qu’il n’y paraît de répondre. Ce tome nous réserve bien d’énormes surprises et démontre le talent de Christelle Dabos, mais il me semble également évident que l’autrice a pris de gros risques et que ce dernier tome ne pourra pas faire l’unanimité. 

Ce tome prend en effet un chemin extrêmement différent des précédents. Christelle Dabos nous emmène dans une direction que l’on n’aurait jamais pu imaginer au début de la saga et même à la fin du troisième tome. C’est d’ailleurs l’un des gros points forts de l’intrigue, tout au long de ce tome 4, on ne sait jamais vers où l’autrice va nous mener. L’intrigue n’est quasiment jamais prévisible, au contraire, on a l’impression de voyager dans un énorme flou constant qui peut devenir assez perturbant, mais qui pousse également à vouloir découvrir la suite dans un roman où le rythme est assez lent. L’autrice nous plonge dans un puzzle dont elle nous offre toutes les clés au fur et à mesure, mais qui restent très complexe à rassembler. 

Ce dernier tome se concentre essentiellement sur les personnages d’Ophélie et de Thorn. Tous les autres personnages sont quasiment absents, réunis tous ensemble uniquement pour le grand final et c’est vrai que leur présence manque. Je n’ai pas forcément reconnu la personnalité de certains personnages dans ce quatrième tome. Je les ai trouvés effacés, leur caractère bien moins mis en valeur que dans les tomes précédents dans lesquels ils étaient beaucoup plus mis en avant et travaillés. Je regrette également le manque de développement du personnage de Victoire. C’est un personnage complexe avec des particularités très intéressantes mais qui ne sont qu’à peine effleurées si bien qu’il est difficile de les comprendre. Ce personnage est-il vraiment cohérent ou n’est-il là que pour servir l’intrigue ? Le doute est permis et il me reste pas mal de questionnements à ce sujet. 

Finalement, on ressent dans ce tome la volonté de résoudre une histoire trop complexe pour être résolue si rapidement. D’autant plus que le niveau de complexité dans ce tome est monté de plusieurs crans. J’ai le sentiment que l’intrigue s’est ainsi plus concentrée sur les grandes révélations et que les personnages sont passés en second plan. Ce tome est donc très différent des précédents qui étaient plus portés sur l’émotion. Ici moins d’émotions et surtout de grands questionnements métaphysiques. Les personnages vont essayer de comprendre la création des arches et les nombreux phénomènes qui y sont associés : échos, esprits de famille, phénomènes d’inversion et effondrement… Ce tome vise à conceptualiser des phénomènes scientifiques qui n’existent pas dans notre monde actuel et c’est forcément très perturbant.

D’un côté, je trouve incroyable le monde créé par Christelle Dabos qui va jusqu’à réinventer des concepts scientifiques propres à cet univers. L’imagination et la rigueur de l’autrice ne peuvent qu’être applaudit et il indéniable que cette saga offre une expérience de lecture unique que je ne retrouverai certainement jamais ailleurs. D’un autre côté, mon côté scientifique chiante se questionne : est-ce que tout était vraiment crédible ? Je n’ai pas forcément été convaincue par toutes les révélations (mais cela reste vraiment très personnel) et je pense que ce roman ne peut pas être complètement appréhendé après une lecture unique. Je suis convaincue que ce roman mérite au moins une deuxième lecture pour, une fois les pièces rassemblées, pouvoir justement les assembler. Je pense donc que pour la première fois, je n’arrive pas me faire un avis concret sur cette lecture, car j’ai l’impression qu’il me manque encore quelques clés pour me forger mon avis définitif. Je ne peux donc pas vous dire si c’est un coup de cœur ou une déception. Un sentiment de frustration se dégage quand même de ce dernier tome. Frustration de ne pas avoir vu plus les personnages secondaires, frustration de cette fin qui n’est pas celle que j’aurais espéré pour les personnages. Je respecte le choix de l’autrice, et j’aime le fait qu’il n’y ait pas vraiment de happy end. La fin est amer et c’est le genre de fin que j’adore habituellement, mais j’ai tellement été attachée aux personnages qui je ne peux pas m’empêcher d’être triste pour eux. Bref, quoi qu’il en soit, j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce tome et cette saga restera une saga coup de cœur qui aura profondément marqué ma vie de lectrice.  


Conclusion


Christelle Dabos nous offre un tome extrêmement complexe qui se focalise plus sur des questionnements métaphysiques que sur l’émotion et le développement des personnages. Les personnages secondaires sont donc mis en retrait pour suivre Thorn et Ophélie dans une enquête surprenante dans laquelle l’autrice invente des concepts scientifiques propres à son monde. Ce tome, empreint d’une créativité et d’une inventivité incroyable, est donc très différent des précédents. L’autrice a pris un pari risqué dans ce dernier tome et tous les lecteurs, notamment les plus jeunes, ne la suivront pas forcément dans ce sens, d’autant que la fin plutôt amer et loin d’un happy-end entraîne un sentiment de frustration (qui sera positif ou négatif selon le lecteur). Quoi qu’il en soit, une seconde lecture me semble nécessaire pour assembler les pièces du puzzle et déterminer si les concepts inventés par Christelle Dabos tiennent du génie ou si quelques failles subsistent !

 

6 réflexions sur “[Chronique] La Passe-miroir – tome 4 : La tempête des échos de Christelle Dabos

  1. The teapot library 2 janvier 2020 / 23 h 16 min

    Je suis exactement de ton avis !! J’ai du mal à dire si ce dernier tome est un gros coup de cœur ou si je suis légèrement déçue !! Il me faudra le relire pour pouvoir me faire un avis définitif, mais pour le moment, je pars plutôt sur un coup de cœur, ne serait-ce car il conclu la saga qui est vraiment exceptionnelle. J’aurais également aimé une fin davantage « happy ending », mais la fin ouverte n’est pas si mal tout compte fait.

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    • Sometimes a book 3 janvier 2020 / 9 h 28 min

      Très contente de voir que je ne suis pas la seule de cet avis 🙂 effectivement la saga entière restera un coup de cœur pour moi aussi !

      Aimé par 1 personne

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