[Chronique] Rebecca, de Daphné Du Maurier

Rebecca
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« Je me demandais combien il pouvait y avoir de gens dans le monde souffrant et continuant de souffrir parce qu’ils ne parvenaient pas à briser leur filet de timidité et de réserve, et qui dans leur aveugle folie construisaient devant eux un grand mur qui cachait la vérité. »


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Rebecca
Autrice :
Daphné Du Maurier
Traduction : Anouk Neuhoff
Illustration : Trevor Payne
Éditeur : Le Livre de Poche
Genre : Classique
Date de parution : 1938
Nombre de pages : 640
Prix : 8,90 €
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Synopsis
Sur Manderley, superbe demeure de l’ouest de l’Angleterre, aux atours victoriens, planent l’angoisse, le doute : la nouvelle épouse de Maximilien de Winter, frêle et innocente jeune femme, réussira-t-elle à se substituer à l’ancienne madame de Winter, morte noyée quelque temps auparavant ? Daphné du Maurier plonge chaque page de son roman – popularisé par le film d’Hitchcock, tourné en 1940, avec Laurence Olivier et Joan Fontaine – dans une ambiance insoutenable, filigranée par un suspense admirablement distillé, touche après touche, comme pour mieux conserver à chaque nouvelle scène son rythme haletant, pour ne pas dire sa cadence infernale. Un récit d’une étrange rivalité entre une vivante – la nouvelle madame de Winter – et le fantôme d’une défunte, qui hante Maximilien, exerçant sur lui une psychose, dont un analyste aurait bien du mal à dessiner les contours avec certitude.

MON avis

Cela faisait un moment que je voulais découvrir ce classique de la littérature anglaise qui semble très apprécié même parmi les personnes pas forcément amatrices de classiques. Personnellement, j’aime bien les classiques, mais je ne prends pas le temps d’en lire assez, donc je suis vraiment très contente d’avoir pu découvrir celui-ci !

Un roman aux frontières des genres 

Rebecca est un roman difficile à définir. Je l’ai vu catégorisé comme roman policier sur certains sites, d’autres le considèrent surtout comme un roman gothique. Rebecca possède en effet certains codes de ces genres littéraires tout en s’en éloignant également.

Ainsi, l’aspect sentimental et la thématique des secrets passés qui refont surface sont prégnants dans ce récit, mais il possède tout de même un côté très lumineux dans son décor qui ne fait pas vraiment penser à l’esthétisme très sombre des romans gothiques. Pour le côté roman policier, il est vrai que la toute fin du récit peut y faire penser, mais cela ne représente qu’un cinquième du récit, est-ce donc suffisant pour vraiment le considérer comme tel ? Finalement Rebecca joue avec ces genres littéraires, mais s’en éloigne aussi pour proposer une intrigue tranche de vie assez peu riche en action, mais qui nous happe complètement grâce à son ambiance aussi merveilleuse qu’oppressante. 

Une plume envoûtante 

La plume de Daphné Du Maurier contribue en grande partie à la réussite de ce roman. L’autrice possède à la fois une plume travaillée qui pose toujours les mots justes sur les sentiments de son héroïne et qui réussit à retranscrire de manière très visuelle l’ambiance de son roman tout en étant extrêmement fluide et facile à lire. Ainsi, elle nous fait réellement vivre ce récit, elle nous emmène à Manderley en compagnie son héroïne. On pourrait presque sentir l’odeur des fleurs du jardin et voir l’ombre de Rebecca planer sur la demeure au cours de la lecture. 

L’autrice gère également extrêmement bien l’ambiance de son récit et l’évolution de son héroïne. Le début est marqué par l’innocence, la fragilité, l’insouciance de l’héroïne associé à un magnifique décor de vacances. L’arrivée de l’héroïne à Manderley va rendre petit à petit l’intrigue plus mystérieuse et oppressante. L’héroïne commence à s’effacer face à la figure de Rebecca, décédée un an plus tôt et qui continue de hanter Manderley. Cette dernière semble complètement écraser l’héroïne donc on ne connait d’ailleurs jamais le prénom, manière pour l’autrice de la rendre encore plus insignifiante face à Rebecca, dont le nom semble être sur toutes les lèvres. Petit à petit l’héroïne va s’enfoncer dans la paranoïa jusqu’aux évènements finaux qui vont à nouveau la transformer. 

Une intrigue obsédante

Rebecca n’est pas un roman très riche en action, l’intrigue avance plutôt avec beaucoup de subtilité et c’est pourtant un véritable page-turner. Je ne peux pas vraiment expliquer comment Daphné Du Maurier a réussi à me faire autant aimer cette histoire. On se retrouve complètement envouté et captivé par ce récit malgré une héroïne parfois un peu agaçante dans ses nombreuses remises en question. Le rythme s’accélère considérablement dans les 100 dernières pages qui sont très difficiles à lâcher et offrent pas mal de retournements de situation. Même si ceux-ci ne sont pas forcément très surprenants (peut-être l’étaient-ils à l’époque où ce roman a été écrit), l’intrigue reste obsédante jusqu’à ce que l’on sache comment tout cela se termine. 


Conclusion


Rebecca est un récit à la frontière des genres, il joue avec les codes du roman policier et du roman gothique pour nous offrir une intrigue à l’ambiance très particulière et complètement envoutante. La plume de Daphné Du Maurier est à la fois travaillée et extrêmement fluide. Elle retranscrit extrêmement bien les sentiments de l’héroïne et les décors de son intrigue les rendant très visuels. L’ambiance qui devient de plus en plus pesante au fil du récit et l’évolution très maîtrisée de l’héroïne rendent le récit de plus en plus captivant et les 100 dernières pages sont impossibles à lâcher. L’intrigue est pourtant lente et pas forcément hyper surprenante, mais Daphné Du Maurier a un talent incontestable pour raconter des histoires et surtout nous les faire vivre. 

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10 réflexions sur “[Chronique] Rebecca, de Daphné Du Maurier

  1. dreamilyreader 9 décembre 2020 / 7 h 39 min

    J’ai lu ce livre il y a quelques mois et je me souviens très bien encore de l’ambiance très lourde et mystérieuse qui s’y tenait. Tout comme toi, ce livre est un réel coup de coeur !

    Aimé par 1 personne

  2. ta d loi du cine 3 juillet 2023 / 16 h 32 min

    Toujours pas lu alors qu’avoir vu il y a déjà quelques mois le film d’Hitchcock m’en avait donné envie… Tellement de livres dans ma PAL et ma LAL!
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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