[Chronique] Le chant des géants, de David Bry

le chant des géants
 
« Quel besoin de magie quand il y a l’amour, la peur, la haine et la jalousie ? Les sentiments humains, Bran, sont bien plus forts que n’importe quel enchantement. »


 
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Le chant des géants
Auteur : David Bry
Illustration : François-Xavier Pavion
Maison d’édition : L’homme sans nom
Genre : Fantasy
Parution française : 5 mai 2022
Nombre de pages : 323
Prix : 24,90 €
 
Synopsis
Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.

 

Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous ; calez-vous contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons ; de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux. Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.
MON avis
Depuis ma découverte de l’auteur avec Que passe l’hiver qui est l’un de mes romans préférés de toute ma vie de lectrice, je ne rate plus une sortie de David Bry. Et encore moins quand l’auteur explore le registre de la fantasy comme c’est le cas avec Le chant des géants.
 
Le chant des géants est un roman de guerre, d’amour et de haine qui nous est servi par un conteur. C’est bien installé dans une auberge au coin du feu que l’on plonge dans cette histoire tragique, l’histoire d’hommes un peu trop influencés par les chants des immortels et d’immortels qui rêvent de tragédies humaines.
 
Le chant des géants est avant tout l’histoire de deux frères, Bran et Ianto, les deux fils du Roi Arthus dont la relation va peu à peu se dégrader à force de sentiments cachés, d’incompréhension et de soif de pouvoir. Après 10 ans de paix, le retour de conflits entre les différents royaumes et l’arrivée d’une mystérieuse brume va attiser la haine et mener irrémédiablement à une guerre qui ne laissera aucun retour en arrière possible. On retrouve dans ce roman les talents de conteur de David Bry autant pour raconter les histoires que pour dépeindre l’âme humaine. Le chant des géants est un récit d’une grande musicalité qui donne la sensation d’une histoire contée et non lue. Il faut dire que c’est la narration que choisi l’auteur : celle d’une figure extérieure qui nous rapporte les faits passés avec toute la part d’interprétation que cela peut comprendre. Des interludes d’une grande poésie, mais également empreint d’une puissante fatalité parsèment le récit et c’est vraiment dans ces passages que j’ai retrouvé tout ce que j’aime dans la plume de David Bry. L’auteur possède un irrémédiable don pour décrire les ambiances mélancoliques, pour exprimer la mesure de la tragédie qui se cache derrière les apparences. 
 
Néanmoins, le reste du texte m’a moins transmis les émotions voulues et en dehors de ces interludes et de la fin du roman, je suis restée plutôt détachée émotionnellement du récit. Il faut que dire que Le chant des géants est un roman guerrier et si David Bry excelle dans la mise en scène des batailles, je n’ai pas trouvé que c’est ce qui met le plus en valeur sa plume. Cela est très personnel, mais je préfère l’auteur dans une ambiance plus contemplative, lorsqu’il prend plus de temps pour décrire l’ambiance et la puissance des sentiments des personnages. Ces éléments sont bien présents dans ce roman, mais un peu trop masqués par l’action des scènes de guerre à mon goût. Je ne suis pas non plus très objective, car la fantasy guerrière n’est pas ce qui m’attire le plus. Si vous êtes friands de ce genre, alors ne passez surtout pas à côté de ce roman !
 
Je parlais justement d’atmosphère, et elle est présente et très bien mise en scène dans ce récit dans lequel on ressent une aura mythologique assez forte. Les hommes doivent veiller au sommeil de trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles, comme cela est mentionné dans le résumé. La relation homme-dieu semble être une thématique chère à l’auteur et elle est encore une fois merveilleusement mise en scène, interrogeant sur la destinée de manière très intelligente. Le roman est également construit à la manière d’une tragédie grecque reprenant le schéma classique de ce type de récit jusqu’à l’irrémédiable dénouement. Et quel dénouement ! Si comme je le disais je ne me suis pas investie émotionnellement dans cette haine fraternelle ni dans la romance qui fait partie intégrante du récit, j’ai été subjuguée par cette fin qui m’a fait oublier toutes les choses que je pouvais reprocher au roman. C’est exactement le genre de fin que j’aime et David Bry et l’un des seuls auteurs que je connaisse a osé proposer de telles fins et à si bien les mettre en scène. Je n’en dirais pas plus, mais c’est une fin puissante, qui apporte juste ce qu’il faut d’informations pour interroger sur ce récit et tous les messages qu’il porte.
 

En bref


Le chant des géants est un roman de fantasy guerrière, pas le genre que je préfère, mais dans lequel l’auteur a encore une fois réussi à mettre tout son talent. L’intrigue est finalement assez classique, mais efficace, reprenant les codes d’une tragédie grecque ainsi que ses thématiques : une haine fraternelle qui monte en puissance jusqu’à ce qu’aucun retour en arrière ne soit plus possible, une histoire d’amour interdite, la guerre inéluctable entre royaumes. Il nous propose un récit épique qui laisse moins la place au worldbuilding et à l’aspect contemplatif dans lequel j’apprécie tant l’auteur, ce qui a fait que je me suis moins investie émotionnellement avec les personnages. Néanmoins, le dénouement m’a subjuguée et a largement compensé les points que j’ai moins appréciés. L’auteur propose une fin parfaite, décrivant avec une puissance criante les émotions des personnages et interrogeant de manière très intelligente sur le récit, la manière dont il était conté et la finalité de cette tragédie.  
 
très bonne lecture
 
D’autres avis : Zoé prend la plumeCelindanaé – Bookenstock – YuyineSabineDreamBookeuse
 
 

8 réflexions sur “[Chronique] Le chant des géants, de David Bry

  1. tampopo24 16 juillet 2022 / 7 h 58 min

    Même si ce n’est pas ton style préféré, on sent quand même tout ton amour pour la plume et les ambiances de David Bry. Tu donnes très envie 😁

    Aimé par 1 personne

  2. zoelucaccini 19 juillet 2022 / 8 h 41 min

    Et là aussi je te rejoins ! Le point fort du roman n’est clairement pas dans son worldbuilding ou son récit très classique.
    J’ai adoré en revanche la mise en scène, que tu évoques d’ailleurs bien, et cette fin, oui.
    J’ai beaucoup aimé cette lecture pour la plume, le décor, le côté récit oral d’antan… et les scènes de baston que j’ai trouvées particulièrement vivantes et sonores !
    En revanche, ce n’est pas mon préféré de l’auteur. Que passe l’hiver reste mon numéro 1 🙂

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