[Chronique] La Belgariade – Intégrale 1, de David Eddings

La Belgariade
 
« Garion regarda le vieil homme dont les cheveux et la barbe blanche semblaient briller d’une lumière intérieure sous le soleil du matin.
– Comment ça fait de vivre éternellement, grand-père ? demanda-t-il.
– Je ne sais pas, répondit sire Loup. Je n’ai encore jamais vécu éternellement. »


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La Belgariade – Intégrale 1
Auteur :
David Eddings
Traduction : Dominique Haas
Éditeur : Pocket
Illustration : Jean Bastide
Genre : Fantasy 
Date de parution : 1982 (publication originale)
24 septembre 2020 (format intégrale)
Nombre de pages : 1151
Prix : 15,90 € 
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Synopsis
Le monde était jeune alors, les dieux vivaient en harmonie et les hommes ne formaient qu’un seul peuple. Aldur le Sage façonna un globe au pouvoir immense, l’Orbe. Mais Torak, le Dieu Jaloux, s’en empara, plongeant l’univers dans le chaos. Sa félonie fut punie : le joyau lui brûla visage et main, et il fut jeté dans un sommeil tourmenté. Ainsi les hommes se divisèrent, les dieux se retirèrent et l’Orbe fut caché.
Les siècles ont passé sur les royaumes du Ponant et l’histoire est devenue légende. Mais les présages l’annoncent : Torak va se réveiller. Et l’Orbe a disparu pour la seconde fois. Belagrath le Sorcier sait, lui, que l’avenir repose sur un unique – et si vulnérable – pion, le jeune Garion, un valet de ferme ignorant que son Destin l’entraînera dans la plus dangereuse et la plus palpitante des quêtes.
 

MON avis

En 2020, les éditions Pocket ont réédité la saga La Belgariade en format intégrale. La première intégrale est composée des trois premiers tomes sur cinq : Le Pion blanc des présages, La Reine des sortilèges et Le Gambit du magicien. Je remercie d’ailleurs les éditons Pocket de me l’avoir envoyée en service-presse.

Cette chronique concerne donc les trois premiers tomes ensemble puisqu’ils possèdent globalement la même dynamique et qu’il aurait été trop répétitif de faire une chronique séparée pour chaque tome. Cependant vous pouvez lire cette chronique sans risque de spoils. 

Une intrigue classique mais terriblement efficace

La Belgariade est une saga publiée initialement en 1982 et qui reprend les codes et archétypes très classiques de la fantasy. Ainsi, on retrouve des éléments connus comme les prophéties, le personnage de l’élu et celui du très vieux magicien à la barbe blanche ainsi qu’un système de magie classique et une forte dimension mythologique. L’univers et l’intrigue s’appuient sur cette mythologie polythéiste qui est à l’origine de la construction de ce monde et de la quête des personnages. Dans ce roman, l’univers est ainsi divisé en de vastes royaumes vénérant chacun leur propre dieu et ayant leurs propres interprétations des mythes fondateurs. Cependant, on peut simplifier les choses en divisant cet univers en deux grandes parties puisque le peuple des Murgos est séparé de tous les autres. Ce peuple vénère le « mauvais » dieu : Thorak et représente donc le peuple antagoniste de cette histoire. La quête des personnages que l’on va suivre a pour but d’empêcher le retour du dieu Thorak qui a été plongé dans un profond sommeil et on ressent donc bien une forte opposition entre les héros d’un côté et les Murgos de l’autre. Je dois avouer que j’ai parfois trouvé la représentation des Murgos maladroite, car très peu nuancée. Certains personnages ont une telle haine des Murgos qu’à leurs yeux ils semblent tous être mauvais et cruels. Si les personnages croisent des Murgos, ils n’hésitent pas à les tuer simplement sous prétexte de leurs origines. On ressent donc une déshumanisation de ce peuple et un aspect manichéen un peu dérangeant même si on sent parfois une volonté de l’auteur de le nuancer un peu les choses à travers certains personnages plus mesurés. Ce point représente pour moi l’un des défauts majeurs de ce cycle, mais est largement compensé par ses nombreuses qualités. 

Je parlais d’élu précédemment et c’est bien lui le personnage principal de ce récit. Il s’agit de Garion que l’on rencontre enfant et dont on va suivre l’évolution au fil des pages. Comme c’est souvent le cas avec les élus, Garion n’a aucune idée de qui il est au début du récit et du destin qui l’attend. Il mène une vie simple aux côtés de personnages qu’il nomme tante Pol et sire Loup, mais qui, on le comprend assez vite, ne sont pas qui ils prétendent être. Lorsque la quête débute, tout un groupe de personnage se forme autour de Garion, groupe qui s’agrandit au fil des tomes et des rencontres. On ressent fortement l’influence de Tolkien dans la dynamique de ce groupe qui parcourt ce vaste univers pour la réalisation de leur quête et de la prophétie. Ces trois tomes nous emmènent ainsi dans un grand voyage en compagnie de personnages qui deviennent au fur et à mesure une bande d’amis extrêmement agréable à suivre. On se sent extrêmement bien dans cet univers aux décors toujours extrêmement variés et en compagnie de ces personnages. Finalement, malgré l’intrigue classique, on se plonge dans les pages de ce livre comme dans un fauteuil particulièrement moelleux et on se laisse porter par cette aventure extrêmement facilement. 

Une quête initiatique au sein d’une aventure riche et rythmée

David Eddings utilise une plume si fluide et facile à lire qu’elle nous embarque aisément dans son univers. L’auteur n’est pas avare en descriptions, mais insère également de nombreux dialogues piquants et plein d’humour. Il y a donc un très bon dosage entre les descriptions, l’humour et l’action qui rend le récit à la fois très visuel et facile à suivre sans jamais tomber dans des longueurs inutiles. David Eddings nous emmène dans un vrai tour du monde de son univers, les personnages traversent des territoires aux paysages extrêmement variés et vont à la rencontre de nombreuses cultures. Ces multiples décors et découvertes culturelles rendent le roman très riche, d’autant plus qu’il est ponctué de très nombreux rebondissements qui permettent à l’intrigue de ne jamais tomber dans un aspect répétitif, ce qui est le risque avec les récits de voyage. 

À travers ces nombreux déplacements, c’est également la quête initiatique de Garion que l’on va suivre. Le personnage connaît une très belle évolution au cours des tomes. S’il a un côté agaçant au départ, il acquière peu à peu une certaine sagesse tout en conservant son caractère fougueux. Les relations qu’il entretient avec les autres personnages évoluent également d’une belle manière. Dans le premier tome, Garion a tendance à être materné à outrance par les autres personnages et je n’ai pas forcément aimé la manière dont certains personnages se comportent avec lui. Les personnages refusent pendant longtemps de répondre aux questions de Garion et pourtant ces révélations sont assez prévisibles pour le lecteur et parfois amenées d’une manière étrange et pas forcément très crédible. Le fait que le personnage principal soit autant en décalage avec nous est parfois frustrant, mais cela s’arrange au fil des tomes.

Une belle palette de personnages

La Belgariade nous offre une très belle palette de personnages variés et atypiques qui ne sont pas forcément creusés très en profondeur, mais qui sont très agréables à suivre. Parmi eux on trouve quelques femmes fortes dont la représentation m’a agréablement surprise pour un roman publié en 1982. Bon, les personnages ne peuvent pas s’empêcher de commenter la beauté du personnage de Pol à chaque fois qu’ils la croisent, mais on peut mettre ça sur le compte de l’humour et sur de la maladresse. Si ces personnages nous offrent un récit bien rythmé riche en rebondissements, on ressent tout de même l’influence de l’auteur sur les personnages. Tout ne m’a pas semblé extrêmement crédible ou naturel et les comportement et actions des personnages semblaient souvent dictés pour permettre la bonne avancée de l’intrigue. 

Finalement La Belgariade ne nous propose pas un récit extrêmement profond, mais une belle aventure très divertissante remplie d’humour et de rebondissements. La facilité avec laquelle on rentre dans ce roman en fait une œuvre très abordable et une très belle porte d’entrée dans le monde de la fantasy pour ceux qui voudraient découvrir le genre ! 


Conclusion


Cette intégrale regroupe les trois premiers tomes sur cinq de la saga La Belgariade. Si le récit peut sembler extrêmement classique puisqu’il reprend de nombreux codes de la fantasy, il n’en reste pas moins très agréable à suivre. La plume fluide et visuelle de David Eddings nous emmène aisément dans son univers que l’on parcourt tout au long de ces trois tomes en compagnie d’une belle palette de personnages. L’intrigue mêle récit de voyage et quête initiatique et nous entraîne dans une aventure riche pleine d’humour et de rebondissements. Si les interactions entre les personnages peuvent être parfois un peu agaçantes dans le premier tome, ils évoluent d’une très belle manière dans les tomes suivants et on finit par suivre cette aventure comme si l’on était aux côtés d’une vieille bande d’amis. 

TB lecture

 

15 réflexions sur “[Chronique] La Belgariade – Intégrale 1, de David Eddings

  1. lacossedeceline 27 janvier 2021 / 7 h 09 min

    Je l’ai lu quand j’étais ado et j’en garde toujours un bon souvenir. Les personnages m’ont particulièrement marquée, plus que l’histoire. Il faudrait que je le relise avec un regard d’adulte !

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    • Sometimes a book 30 janvier 2021 / 13 h 47 min

      Oui c’est vraiment centré sur les personnages plus que sur l’univers ou l’intrigue, mais ça fonctionne bien et je pense que ça doit vraiment bien passer pour des ados !

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  2. tampopo24 27 janvier 2021 / 7 h 15 min

    Même si c’est effectivement classique, je trouve que c’est un bon titre qu’on prend plaisir à relire des années plus tard si on n’est pas devenue hermétique au genre. C’est même l’une des sagas que je recommande aux jeunes voulant découvrir la Fantasy ^-^

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    • Sometimes a book 30 janvier 2021 / 13 h 48 min

      Oui c’est vraiment abordable, je pense aussi que ça doit être très bien pour les jeunes qui veulent découvrir le genre !

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  3. Julie (Artemissia) 27 janvier 2021 / 8 h 35 min

    La Belgariade fait effectivement partie des classiques à lire en fantasy. Bon, pour ma part, je l’ai découvert il y a peu alors que mon mari me tannait depuis des lustres pour le lire. Je ne le regrette pas. Les Eddings sont d’excellents conteurs.

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    • Sometimes a book 30 janvier 2021 / 13 h 49 min

      Oui je suis vraiment contente de l’avoir finalement découvert ! Je ne savais pas que d’autres Eddings écrivaient, je vais aller me renseigner !

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  4. plumesdelune 27 janvier 2021 / 13 h 20 min

    Je suis moins enthousiaste sur cette intégrale que toi, sans avoir complètement détesté je m’étais surtout assez ennuyée ^^
    Kin

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    • Sometimes a book 30 janvier 2021 / 13 h 50 min

      Ah c’est marrant pourtant le rythme est pas vraiment lent, mais c’est vrai que c’est plus centré autour des personnages que de l’action ! C’est dommage en tout cas, mais je comprends que ça ne puisse pas plaire à tout le monde ^^

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  5. Lutin82 27 janvier 2021 / 19 h 31 min

    Je crois qu’il me faut le découvrir. C’est une de mes lacunes, mais je compte la rectifiée.

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  6. Shaya 1 février 2021 / 19 h 31 min

    C’est un classique mais j’adore 🙂 as-tu prévu de lire les préquelles ? (Les années noires et les années d’espoir)

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    • Sometimes a book 1 février 2021 / 22 h 19 min

      Hum bonne question, je ne sais pas vraiment encore, est-ce que tu me conseilles de les lire ?

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