[Chronique] Yardam, d’Aurélie Wellenstein

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« Les démons se battirent pour passer au premier plan et, en un instant, sa psyché bascula en un chaos de souvenirs incohérents qui voletaient dans sa tête comme les feuilles mortes d’un arbre secoué par la tempête. »

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Yardam
Autrice : Aurélie Wellenstein
Illustration : Aurélien Police
Mais d’édition : Scrinéo / Pocket

Genre : Fantasy
Date de parution : 19 mars 2020
Nombre de pages : 555
Prix : 20 € (broché) / 9,50 € (poche)
 
Synopsis
Entrez dans Yardam, là où la folie est sexuellement transmissible !
À Yardam, la folie est sexuellement transmissible. Kazan est un voleur, un voltigeur, un combattant, un amateur d’art… Il est la somme de plusieurs individus, de plusieurs âmes ingérées à cause du mal étrange qui le ronge. Kazan est un prédateur… Mais un prédateur aux abois, piégé dans une ville close. Ses victimes le hantent. Leurs voix le poussent inexorablement vers l’abîme. Pour s’en sortir, il serait prêt à tout, y compris à manipuler Feliks et Nadja, un couple de médecins étrangers venus s’enfermer dans la cité maudite pour trouver un remède. Kazan est un voleur d’esprits qui s’enfonce… jusqu’à ne plus savoir qui il est. Et en même temps qu’il chute, c’est tout Yardam qui sombre.
MON avis
Yardam est le onzième roman d’Aurélie Wellenstein. Il est publié chez Scrinéo comme beaucoup de ses autres titres et pourtant l’autrice s’éloigne de ce qu’elle a l’habitude de faire avec ce roman. Avec Yardam, elle nous emmène dans un univers plus adulte mené par des personnages plus âgés et plus matures. Elle aborde forcément des thématiques différentes, bien éloignées des histoires d’apprentissage que l’on retrouve en young adult. L’autrice s’éloigne également de ses univers habituels, tous différents, mais toujours inspirés et imprégnés d’une mythologie particulière. Si on retrouve le ton sombre et impitoyable de l’autrice dans Yardam, le roman propose cette fois-ci un univers plus brut et ancré dans le réel.
 
Yardam, c’est le nom de cette ville où vit le personnage principal Kazan. Kazan a une maladie, c’est un voleur d’âmes, il aspire l’âme des gens en les embrassant et les transforment ainsi en coquilles vides. La maladie de Kazan se transmet par voie sexuelle, et il est donc loin d’être le seul à avoir été contaminé. Face à la multiplication des coquilles et à l’impuissance des médecins à en comprendre la cause, la ville de Yardam va être mise en quarantaine. Les derniers à y entrer seront Feliks et Nadja, deux médecins qui pensent pouvoir mettre un terme à l’épidémie et vont se retrouver sur la route de Kazan… 
 
Aurélie Wellenstein nous emmène dans un huis-clos assez étouffant qui emprisonne autant le lecteur que les personnages. Yardam est une réelle métaphore filée de l’enfermement. Kazan est prisonnier de la maladie, des voix qu’il entend continuellement dans sa tête sans pouvoir les arrêter. Les âmes qui ont été aspirées sont également prisonnières, enfermées loin de leur corps dans la psyché de leur agresseur. Tous les personnages sont prisonniers de la folie qui s’emparent des rues de Yardam. Ils sont enfermés dans une ville, face à une menace qu’ils ne comprennent pas et assistent impuissant à la chute de leur ville dans le chaos. Aurélie Wellenstein exploite la thématique de l’enfermement de manière assez cruelle pour ses personnages, les poussant dans leur retranchement et les obligeant à se positionner, soit en esclave, soit en bourreau. Aucun sort n’est vraiment enviable et c’est bien là que se joue toute la finesse de la psychologie des personnages. 
 
Car la manière dont l’autrice déploie ses personnages est le gros point fort de ce roman. Yardam est mené par un anti-héros, un personnage extrêmement antipathique à cause des actes qu’il commet et pourtant l’autrice réussit à ne pas en faire un personnage totalement noir. S’il est difficile de vraiment apprécier Kazan, ce n’est pas non plus un personnage qu’on arrive à détester, et ce, notamment grâce au lien qu’il développe avec Feliks et Nadja. L’évolution de ce trio de personnages est pour moi la véritable essence de ce récit. L’intrigue en elle-même est assez linéaire et pas forcément surprenante, mais le jeu parfois malsain et dérangeant qu’il s’installe entre les personnages lui donne tout son intérêt. On cherche tout au long du récit comment se positionner vis-à-vis des personnages et c’est ce dynamisme qui pousse à tourner les pages aussi rapidement. 

Malgré tout Yardam a pêché selon moi de son manque de cadre. Le récit semble osciller entre technologies de différentes époques et mélanger pas mal de choses. Certains passages font plutôt penser à une ville médiévale, d’autres à un univers beaucoup plus contemporain. Les médecins connaissent des termes et des techniques modernes et pourtant ont une manière d’étudier les maladies qui n’a pas de sens scientifiquement parlant. L’autrice a sûrement voulu privilégier le fond de son intrigue, la thématique de la maladie, et le développement des personnages, mais personnellement j’ai besoin de comprendre le contexte d’un récit pour pouvoir m’investir dedans. Cela fait vraiment partie de mon rapport à la lecture et je suis persuadée que beaucoup de lecteurs ne s’en apercevront pas, mais personnellement je n’ai pas réussi à m’immerger dans cet univers que je ne comprenais pas et dont la part scientifique ne m’a pas convaincue. 


Yardam est un roman ambitieux qui réussit parfaitement bien à emprisonner le lecteur tout comme les personnages. S’il est très différent des précédents romans de l’autrice, il aborde des thèmes qui lui sont chers liés à la psyché humaine et plus particulièrement ici à la maladie mentale. Si j’ai eu du mal à m’immerger dans le récit à cause d’un cadre imprécis, j’ai tout de même beaucoup apprécié le travail fait autour de la psychologie des personnages. Aurélie Wellenstein met en scène un trio de personnages qui fonctionne très bien ensemble et nous oblige sans cesse à nous interroger sur leurs actes. La noirceur saisissante du personnage principal est ainsi souvent remise en question et on se demande jusqu’au bout quels choix il finira par prendre.  

avis mitigé

Ce roman émane d’un service-presse des éditions Pocket que je remercie !

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10 réflexions sur “[Chronique] Yardam, d’Aurélie Wellenstein

  1. tampopo24 15 juin 2022 / 5 h 59 min

    Sur le fond, j’ai aussi trouvé le livre interessant, mais comme toi il m’a manqué quelque chose du côté du l’univers pour ont immerger, comme dans les premiers que j’avais lu d’elle, sauf que j’ai du mal à mettre le doigt dessus contrairement à toi ><
    Après ça reste marquant, dérangeant et bien meilleur que pas mal d'autres titres à mon goût.

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  2. Steven 15 juin 2022 / 8 h 19 min

    Tu n’es pas la première que je lis à dénoter un manque de cadre et de profondeur quant à l’univers. J’espère ne pas pâtir de ce manque pour ma première rencontre avec l’auteure.

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    • Sometimes a book 24 juin 2022 / 20 h 08 min

      Tout dépend de ce qu’on cherche dans une lecture, je comprends que certains lecteurs ne soient pas du tout gênés par ce genre de choses, à voir !

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  3. OmbreBones 16 juin 2022 / 6 h 39 min

    J’étais entre deux aussi mais je ne sais plus précisément pourquoi 😅 faudra que je relise ma chronique xD

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      • OmbreBones 25 juin 2022 / 7 h 47 min

        Non pas vraiment xD le seul livre d’Aurélie dont je me souviens très bien c’est le roi des fauves, c’est pourtant celui que j’ai lu il y a le plus de temps mais je le trouvais le plus abouti 😊

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  4. zoelucaccini 17 juin 2022 / 9 h 46 min

    Idem, le manque de cadre m’a gênée : autant je trouve que ça permet à notre imagination de marcher à plein et de remplir les blancs, autant ça va à l’encontre de ce qui est recherché, pour moi, à savoir une atmosphère pesante. J’aurais aimé étouffer davantage dans cette ville aux contours particuliers, pas bien définis, comme tu le mentionnes d’ailleurs.

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