[Chronique] Belle, de Robin McKinley

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« Lorsque je mis le pied dehors, les lanternes des jardins s’allumaient ; le parfum doucereux de l’huile des lampes imprégnait les airs. Seuls les gargouillis des ruisseaux et le son traînant de mes bottines rompirent le silence. Je me sentais minuscule et misérable parmi tant de grandeur. »


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Belle
Autrice : Robin McKinley
Traduction : Sophie Dalle
Illustration : Nicolas Caminade
Maison d’édition : Pocket
Genre : Fantasy
 Réédition française : 11 juin 2022
Nombre de pages : 244
Prix : 7,70 €
Synopsis
Belle était loin d’être aussi jolie que ses sœurs aînées, Grâce et Espérance. À quoi bon ? Aux soirées mondaines, aux robes somptueuses, elle préférait les bibliothèques et les livres. Quand son père se trouva ruiné, la famille fut réduite à habiter une humble maison, dans un village au fond des bois. Tous auraient pu vivre ainsi, heureux d’une existence loin du luxe et des lumières de la ville, mais le destin s’acharna de nouveau. Quand son père revint au foyer avec l’histoire d’un château magique et de la terrible promesse qu’il avait dû faire à la Bête qui y vivait, Belle partit de son plein gré affronter le monstre et sa question sans cesse répétée : « Belle, voulez-vous m’épouser ? »
MON avis
Belle est une réécriture du conte de La Belle et la bête publiée à l’origine en 1992 et éditée en France aux éditions Mnémos et Pocket.
Il ne faut pas s’attendre à être très dépaysé en lisant ce roman, Robin McKinley reprend très fidèlement l’histoire de La belle et la bête dans une version un peu plus édulcorée. Ce court roman se concentre surtout sur l’histoire de Belle, comme le titre l’indique. L’autrice s’attarde beaucoup sur l’enfance du personnage, ses relations familiales avec son père et ses sœurs, la manière dont elle a obtenu le surnom de « Belle » alors qu’elle est, d’après elle, la moins avantagée physiquement de sa famille. La moitié de l’histoire se déroule ainsi loin du château de la bête, en ville d’abord où la famille habite au début du récit, puis à la campagne où ils ont dû s’installer suite à un dramatique concours de circonstance. C’est là que peu à peu l’influence de la Bête va se faire ressentir, à travers des légendes d’abord puis de façon bien réelle.
Ce qui m’a frappé en lisant ce roman c’est avant tout la plume de l’autrice qui donne un caractère très sensible et sensoriel à l’histoire. Elle possède une narration très descriptive qui nous fait aisément ressentir les émotions des personnages et nous immerger dans les décors qui peuplent le récit. On ressent l’odeur des roses si chères à Belle, on visualise aisément les paysages décrits. Robin McKinley nous offre une jolie ode à la nature, nature magnifiée par la magie qui la rend accueillante et envoûtante. La narration a pour moi très bien contrebalancé le côté convenu de l’histoire, dans le sens où l’intrigue de Belle ne propose pas vraiment de surprise. Comme je le disais l’autrice ne s’éloigne pas de la trame principale du conte et on sait donc très bien à l’avance comment les choses vont se dérouler. De plus, Robin McKinley propose une version plus douce du conte dans laquelle Belle va de son plein gré dans le manoir de la bête et où il n’y a pas de figure antagoniste comme peut l’être Gaston. L’autrice efface ainsi quelques aspects problématiques du conte pour nous donner une version douce et enchanteresse.
Le roman souffre malgré d’un certain manque d’équilibre entre la première et la deuxième partie. L’autrice prend le temps de décrire l’enfance de Belle, son caractère rêveur, mais déterminé et sa relation avec sa famille. Elle montre une belle évolution du personnage dans la première partie du récit jusqu’à sa rencontre avec la bête. L’arrivée au manoir de la bête marque une franche coupure dans la vie de Belle qui va également la faire évoluer d’une façon différente. Cette fois-ci pourtant l’autrice ne prend pas le temps de bien poser cette évolution. Au début de la deuxième partie, Belle est très réfractaire à la bête qui la demande en mariage chaque soir. Leur relation évolue bien sûr mais, quasiment jusqu’à la fin du roman, l’avis de Belle ne semble pas changer sur la question du mariage. Puis tout d’un coup, quelques pages avant la fin, pouf, elle se rend compte qu’elle est amoureuse. Le changement est malheureusement trop abrupt pour ne pas donner l’impression qu’il fallait simplement finir l’histoire. J’ai donc été un peu déçue de la manière dont est décrit l’évolution des sentiments de Belle pour la bête et je n’aurais pas été contre quelques pages supplémentaire pour mieux la développer.

Pour conclure, j’ai beaucoup aimé redécouvrir ce conte sous la plume douce et sensorielle de Robin McKinley qui met en exergue la beauté de la nature et la force des liens familiaux. Si j’ao globalement aimé suivre le personnage de Belle et découvrir son passé, j’ai simplement regretté que l’évolution de ses sentiments pour la bête ne soit pas plus développé donnant l’impression d’un dénouement précipité.
très bonne lecture

Ce roman émane d’un service de presse des éditions Pocket que je remercie !

8 réflexions sur “[Chronique] Belle, de Robin McKinley

  1. tampopo24 23 juillet 2022 / 8 h 45 min

    Tu me donnes très envie de découvrir le titre en parlant de cette écriture « sensorielle », j’espère bientôt le trouver dans ma BAL ☺️

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  2. Steven 23 juillet 2022 / 9 h 15 min

    J’avais déjà très envie de découvrir ce roman et ton avis complet me donne totalement envie maintenant ! La plume de l’auteure semble assez éloquente, je me le note donc. Merci à toi 😉

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  3. Ma Lecturothèque 23 juillet 2022 / 20 h 41 min

    Je me souviens avoir beaucoup apprécié cette réécriture et aimé la plume de l’autrice mais je ne me souvenais pas que son texte était sensoriel, etc. Du coup, j’espère que j’aurais bientôt l’occasion de relire ce roman pour le redécouvrir !

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    • Sometimes a book 24 juillet 2022 / 10 h 36 min

      Ah après c’est peut-être ce que moi j’ai ressenti, mais c’est possible que tout le monde ne le voit pas comme ça ! Mais si tu as l’occasion de le relire n’hésite pas à me dire si tu le ressens aussi !

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      • Ma Lecturothèque 24 juillet 2022 / 18 h 11 min

        C’est ça qui est merveilleux : on n’a pas forcément la même perception d’une œuvre et c’est alors l’occasion de la redécouvrir sous un autre jour en la relisant/revoyant… =)

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  4. Lullaby 3 août 2022 / 16 h 09 min

    Tu donnes envie de lire cette réécriture, dont j’avais entendu parler sans vraiment être tentée plus que ça.
    Je le note ! 🙂

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