[Chronique] Nevermoor, de Jessica Townsend

Nevermoor
« It was a strange thing, she thought, to be celebrating the night of your own death. It didn’t feel like a birthday. It was more like having your funeral before you die. »


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Nevermoor, tome 1 : Les défis de Morrigane Crow
Autrice :
Jessica Townsend
Traduction : Juliette Lê
Illustrations : Jim Madsen
Maison d’édition : PKJ
Genre : Fantasy
Nombre de pages : 465
Prix : 17,90 €
Synopsis
Morrigane Crow est née le jour du Merveillon, ce qui signifie deux choses :
1. Elle est maudite.
2. Elle est condamnée à mourir à minuit le jour de ses onze ans.
Son cercueil l’attend.
Elle est sauvée in extremis par un homme étrange qui l’emmène dans le royaume magique de Nevermoor…
MON avis
Les défis de Morrigane Crow est le premier tome d’une saga jeunesse écrit par l’autrice australienne Jessica Townsend qui prévoit d’en sortir 9 tomes au total. Pour le moment, seuls les trois premiers tomes sont sortis en VO et ont été traduits en français et le quatrième tome est prévu en VO pour l’automne 2023.
Nevermoor, c’est un univers pétillant et coloré, qui commence pourtant de manière bien sombre. En effet, le roman débute à l’approche du onzième anniversaire de Morrigane, date à laquelle elle doit mourir. La jeune fille est en effet née le jour de l’Eventide (ou « Merveillon » en français), ce qui lui a valu d’être maudite. Non seulement, elle porte malheur a toutes les personnes qu’elle croise, mais en plus elle est condamnée à mourir le jour de son anniversaire. Et pourtant, après une fête d’anniversaire particulièrement glauque et sinistre durant laquelle sa famille fait plutôt ressentir sa joie de la voir mourir plutôt que son chagrin, Morrigane est sauvée in extremis d’une mort particulièrement terrifiante et est emmenée dans le monde merveilleux qu’est Nevermoor. Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là, puisqu’elle va devoir remporter plusieurs défis si elle veut intégrer la haute société et être pour de bon débarrassée de sa malédiction…
Qu’on se le dise, Nevermoor ne révolutionne pas les codes de la littérature jeunesse, il se contente de reprendre ceux qui fonctionnent déjà très bien et les assemble un peu différemment pour en faire un très bon divertissement. Ainsi on suit une héroïne attachante qui se retrouve éloignée de sa famille dans un monde qu’elle ne connaît pas et qu’elle découvre en même temps que nous. Pour en faire partie, elle doit passer des épreuves, en étant coachée par un mentor et se fait un ennemi et un meilleur ami coup sur coup dès le premier jour. D’ailleurs je dis que tout fonctionne bien, peut-être à l’exception de ce dernier point qui m’a semblé bien artificiel dans sa mise en place. Mis à part cela, le trope des épreuves, même s’il est énormément vu et qu’il est difficile de le renouveler fonctionne bien avec moi. Il donne facilement une bonne dynamique à l’intrigue et même si on se doute bien que le personnage principal a de grandes chances de réussir toutes les épreuves, on est toujours curieux de découvrir ce qui l’attend et la manière dont il va s’en sortir. En plus, dans Nevermoor, il y a un assez gros suspense autour de la dernière épreuve puisque Morrigane doit y dévoiler un talent caché et, jusqu’au tout dernier moment, la jeune fille elle-même ignore ce que sera son talent…
Et si Nevermoor fonctionne aussi bien, ce n’est pas seulement en reprenant les bons codes de la littérature jeunesse, c’est aussi en proposant un univers magique et de forts enjeux. J’ai trouvé que ce premier tome s’inscrivait vraiment dans le genre de récits jeunesses que j’adore à la Harry Potter ou Magic Charly grâce à l’inventivité de l’univers proposé et surtout les enjeux sous-jacents. Comme eux, si l’intrigue semble suivre en premier lieu la vie quotidienne d’un ou de plusieurs jeunes personnages, une intrigue beaucoup plus sombre se met en place en arrière-plan. Derrière l’émerveillement se cache une facette plus sombre et on sent que l’avenir de Nevermoor est en jeu et risque de se retrouver sur les épaules de Morrigane. C’est un combat entre le bien et le mal qui s’installe en filagramme et Morrigane elle-même possède cette double facette entre lumière et obscurité.
Malgré tout Nevermoor n’est pas un premier tome parfait. Comme je le disais les relations entre les enfants se développent de manière assez artificielle. C’est moins le cas pour les relations entre Morrigane et les adultes qui gravitent autour d’elle qui sont plus approfondies. J’ai également regretté une certaine facilité liée aux épreuves. Pas que Morrigane s’en sorte si facilement, mais plutôt que sa phase de préparation n’est pas du tout développée. Alors que tous les autres semblent se préparer depuis des années, on a l’impression que Morrigane y va les mains dans les poches alors qu’elle a justement un mentor pour l’aider. Cet aspect n’est pas du tout traité dans le roman, ce que j’ai trouvé dommage. Ces petits défauts que j’observe avec mon œil d’adulte ne doivent pas faire oublier que ce premier tome est destiné à la jeunesse et qu’à ce titre, il est extrêmement réussi. L’univers de Nevermoor est vrai petit bonbon à savourer. Il nous fait rêver avec ses parapluies de toutes les couleurs qui servent de moyen de locomotion, ses créatures loufoques comme le merveilleux chat géant parfaitement baptisé « the Magnificat » et on sent qu’il est à peine esquissé dans ce premier tome. Et derrière cet univers féérique, on sent une volonté de commencer à faire réfléchir les jeunes lecteurs sur certaines thématiques comme la mort, la différence, les choix. À suivre, pour voir comment l’autrice développera tout cela par la suite !
très bonne lecture

4 réflexions sur “[Chronique] Nevermoor, de Jessica Townsend

  1. Les Mots de Mahault 24 septembre 2022 / 10 h 03 min

    L’oeil « adulte » nous rend parfois trop dur, je me suis souvent dit en lisant de la littérature jeunesse que je regrettais d’être aussi exigeante et de ne pas pouvoir en profiter en toute innocence comme c’était encore le cas il y a quelques années.
    En tout cas, cet univers a l’air sympa, le truc des parapluies m’intrigue particulièrement.

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    • Sometimes a book 25 septembre 2022 / 20 h 26 min

      J’ai pas l’impression d’avoir un regard trop dur, mais c’est sûr qu’on a des critères différents ! En tout cas oui c’est très sympa, le seul bémol c’est que c’est prévu en 9 tomes et l’autrice met du temps à écrire, c’est pas très motivant je trouve :/

      Aimé par 1 personne

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