[Chronique] Dune : un chef d’œuvre de la science-fiction, de Nicolas Allard

Œuvre d’une ambition folle, Dune a ému et fasciné des générations de lecteurs et reste à ce jour le roman de science-fiction le plus vendu au monde. Lire (et relire) Frank Herbert, c’est se plonger dans un univers d’une richesse inégalée, qui a inspiré des artistes aussi différents que George Lucas, David Lynch ou Alejandro Jodorowsky. Un chef-d’œuvre intemporel, dont les thématiques restent d’une actualité brûlante : politique, écologie, transhumanisme, féminisme… A l’heure où ce planet opera mythique fait son grand retour dans les salles obscures, Nicolas Allard nous guide dans une œuvre complexe et foisonnante, et nous offre toutes les clés permettant de décrypter ce monument de la pop culture ! Les encres de Chine d’Emmanuel Brière Le Moan disséminées au fil de l’ouvrage complètent l’immersion dans les sables d’Arrakis.

D’abord paru aux éditions Dunod, l’essai Dune : un chef d’œuvre de la science-fiction a récemment été réédité en format poche chez Pocket Imaginaire, l’occasion pour l’auteur de compléter son texte suite à l’adaptation au cinéma de la première partie de Dune par Denis Villeneuve. 

L’essai ainsi réédité en format poche se compose de trois parties : une première partie sur la genèse de Dune et ses adaptations, une deuxième partie qui présente les grande thématique que l’on peut trouver dans Dune et enfin une troisième partie qui s’attarde sur les enfants de Dune, c’est-à-dire les œuvres qui se sont inspirées de Dune. Voyons plus en détails le contenu de chaque partie.

La première partie de l’essai nous présente donc la genèse de Dune et les inspirations de Frank Herbert pour écrire Dune et ses suites. Nicolas Allard s’est notamment beaucoup appuyé sur la biographie de Herbert écrite par son fils Brian pour cette première partie et le reste de l’essai. Concernant les inspirations de Frank Herbert, Nicolas Allard s’attarde particulièrement sur les liens avec Le cycle de Mars et plus précisément La princesse de Mars d’Edgar Rice Burroughs. Dans les chapitres suivants, Nicolas Allard revient sur les différentes adaptations de Dune et questionne sur les difficultés majeures à relever pour adapter correctement cette œuvre. Concernant les adaptations, Nicolas Allard est assez exhaustif, parlant bien sûr des adaptations de Dune à l’écran, mais aussi en jeux vidéo ou graphiques. Parmi les difficultés d’adaptation de Dune, Nicolas Allard s’attarde ensuite particulièrement sur la question des voix intérieures, un procédé énormément utilisé dans les livres, mais qui impose de grandes contraintes lorsque l’on passe à l’écran. J’ai trouvé ce chapitre particulièrement intéressant. Nicolas Allard donne de nombreux exemples de la manière dont les voix intérieurs sont utilisées dans le roman pour jouer sur la compréhension et la dynamique globale de l’histoire. Nicolas Allard consacre ensuite un chapitre à la Princesse Irulan, une partie qui mériterait d’être mise à jour avec la sortie du deuxième film de Denis Villeneuve. Enfin, Nicolas Allard termine la première partie en consacrant un chapitre sur les difficultés d’adaptation de Dune d’un point de vue esthétique.

La deuxième partie de l’essai est consacré à l’exploration des grandes thématiques abordées par l’œuvre de Frank Herbert avec au programme : la dimension messianique, la dimension écologique, le féminisme, le transhumanisme et enfin l’héritage de Jules Verne pour l’aspect récit d’aventure et l’héritage de Shakespeare pour l’aspect tragique. Si ces thématiques ne sont pas une véritable découverte pour qui a lu l’œuvre de Herbet, cette partie permet de replacer l’œuvre dans son époque, de comprendre comment Herbert se positionnait sur ces différentes questions par rapport à son temps et de se rendre compte pourquoi Dune est considéré comme un chef d’œuvre et aura marqué un tournant dans le genre de la science-fiction. 

Enfin la dernière partie est consacrée à l’héritage de Dune et aux points communs entre cette œuvre et d’autres œuvres plus récentes. Trois chapitres sont consacrés à Star Wars, un chapitre est consacré à Game of Thrones , puis le dernier chapitre aborde des points communs plus minimes avec d’autres œuvres et questionne de la place de Dune dans la pop culture. J’ai trouvé cette dernière partie un peu moins intéressante, la partie concernant Star Wars est assez longue et fait parfois un effet catalogue. J’ai été plus surprise par les parallèles avec Game of Thrones même s’il n’est quand même pas évident d’affirmer que George Martin s’est réellement inspiré de Dune. 

De manière générale, j’ai passé un très bon moment avec cet essai. J’ai lu le premier tome de Dune il y a plusieurs années, et ce fut un plaisir de replonger dans cet univers grâce aux très nombreuses citations utilisées par Nicolas Allard. La lecture m’a également permis de réfléchir à certains aspects de l’œuvre auxquels je n’avais pas prêté attention ou que j’avais oubliés et de replacer l’œuvre dans le contexte de son époque, ce qui était très éclairant. De plus, l’essai de Nicolas Allard est très abordable et ne présente aucune difficulté de lecture. De ce fait, il sera peut-être un peu trop léger pour les fans de la première heure, mais conviendra parfaitement aux curieux qui veulent mieux comprendre l’aura autour de cette œuvre. Sachez tout de même que cet essai spoile le premier tome de Dune ainsi que des évènements majeurs des tomes suivants. Il vaut donc mieux avoir lu a minima le premier tome de Dune ou vu les deux premiers films de Villeneuve avant de se plonger dans cet essai. 

Livre reçu en service de presse de la part des éditions Pocket Imaginaire que je remercie

D’autres avis : Xapur – L’épaule d’Orion – Célinedanaë

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Dune : un chef d’œuvre de la science-fiction
Auteur : Nicolas Allart

Couverture : Julien Rico Jr
Maisons d’édition :  Dunod / Pocket
Genre : Essai
Publication française :  07 octobre 2020
Nombre de pages : 352 pages (poche)
Prix : 22,50 € (broché) / 8,60 € (poche)