[Chronique] Un reflet de lune, d’Estelle Faye

Un reflet de lune

« Je me souviens malgré moi de la Révolte des Masques, tandis que je remonte vers les arènes des Rhéteurs amassées Place de la Libre-Alliance, anciennement Place de la République, anciennement Place du Château-d’Eau. Ma ville s’est construite sur des couches et des couches d’histoires, réelles ou rêvées. Au fur et à mesure que j’avance, elle se charge de souvenirs, de ma propres cartes d’émotions et de mon passé. »


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Un reflet de lune
Autrice :
Estelle Faye
Éditeur : ActuSF
Genre : Science-fiction
Date de parution  : 22 janvier 2021
Nombre de pages : 321
Prix : 20,90 €
 
Synopsis
Paris, un siècle après l’apocalypse. La capitale est plongée dans les pluies de printemps et Chet, dans une affaire qui le dépasse. Des sosies apparaissent pour lui faire porter le chapeau de crimes dont il est innocent. Du lagon du Trocadéro au repaire lacustre des pirates de la Villette, Chet arpente les bords de la Seine en crue à la recherche de ces mystérieux doubles, autant que de lui-même.
 

MON avis

Avec Un reflet de lune, Estelle Faye retourne dans l’univers qu’elle avait créé pour un précédent roman : Un éclat de givre parut aux éditions des moutons électriques en 2014. Les deux romans se veulent être complètement indépendants et j’ai d’ailleurs lu Un reflet de lune sans avoir lu le précédent. 

Une ambiance sombre et pluvieuse

Le récit se déroule un siècle après une apocalypse qui aura bouleversé la vie des habitants de la Terre. On suit plus particulièrement la situation à Paris, ville complètement inondée par la pluie incessante et les crues d’une Seine devenue extrêmement toxique. Le roman nous emmène aux quatre coins de la Capitale qui est bien différente de celle que l’on connaît et en même temps si reconnaissable. C’était un vrai plaisir pour moi de redécouvrir la ville, d’imaginer, le personnage principal Chet parcourir les rues de son quartier, le quartier latin dans lequel j’habitais aussi il n’y a pas si longtemps. Revoir le jardin des plantes, découvrir ce qu’il reste du réseau sous-terrain du RER et les nouveaux quartiers qui ont émergés m’a beaucoup plu. La plume d’Estelle Faye est comme toujours extrêmement immersive et très visuelle. Elle décrit à la perfection ce Paris en décrépitude et nous plonge aisément dans son ambiance à la fois glauque et décadente dès les premières pages. L’autrice nous emmène au cœur de conflits qui animent la population de la ville, des conflits que j’ai trouvés très réalistes et bien pensés et pour lesquels on pourrait aisément faire des parallèles avec notre monde actuel. Je ne dirais pas de quoi il retourne ici, car le roman est assez court et que je ne veux donc pas en dévoiler trop d’éléments, mais l’autrice nous offre un univers avec une base solide et tristement réaliste qu’on souhaiterait voir encore plus étoffé (mais peut-être que j’aurais trouvé l’univers plus développé si j’avais lu Un éclat de givre avant !). 

Chet, un personnage difficile à cerner 

L’intrigue suit le quotidien de Chet, un personnage assez intéressant dans son ambivalence : Chet le jour et Thaïs la nuit, c’est un personnage aux multiples facettes que j’ai eu un peu de mal à cerner (encore une fois peut-être parce que je n’ai pas lu Un éclat de givre dans lequel on fait connaissance pour la première fois avec le personnage). On suit donc Chet dans ses aventures et dans sa vie bien loin d’être banale qui va découvrir un peu par hasard que la ville est peuplée par des doubles le représentant et qui commencent à lui causer quelques problèmes… 
Je dois avouer que j’ai eu du mal à m’attacher au personnage de Chet dont j’ai trouvé la personnalité assez superficielle malgré ses multiples facettes. C’est un gros point fort d’avoir un personnage principal aussi atypique dans un roman et j’étais donc très agréablement surprise au départ, mais finalement, je n’ai pas accroché avec ce personnage. Je l’ai trouvé assez effacé par rapport aux évènements qui lui arrivaient et pas forcément toujours crédible dans ses interactions avec les autres personnages. Chet a des relations de séduction avec absolument tous les personnages que l’on rencontre dans l’intrigue, ce que j’ai trouvé un peu too much. Je sais que ça fait partie du personnage, et que pour certains lecteurs, c’est ce qui fera son charme, mais de manière générale les interactions romantiques ne sont pas vraiment ce qui m’intéressent le plus dans les romans et cela n’a pas fait exception ici.

Une intrigue un peu légère

La personnalité de Chet a également une forte incidence sur l’intrigue générale du récit. En effet, il ne cherche jamais vraiment à réfléchir sur la manière dont il pourrait gérer ses problèmes, mais se laisse plutôt porter par les évènements. J’ai donc trouvé qu’il subissait un peu trop les choses au lieu de chercher à les résoudre, ce qui donne l’impression que l’intrigue n’avance pas. Le récit nous emmène ainsi d’un endroit à un autre sans qu’on réussisse bien à comprendre pourquoi et à en rassembler tous les bouts. On s’attend à ce que le personnage enquête sur ses étranges doubles comme c’est mentionné dans le résumé et pourtant cela n’arrive jamais vraiment. Le mystère sur les doubles se résout un peu par hasard en seulement quelques lignes comme si cela n’était qu’un détail de l’intrigue. Finalement, même si l’intrigue est très dynamique, elle a manqué pour moi de consistance. L’intrigue souffre également de quelques facilités puisque dès que le héros se retrouve dans une situation difficile, un nouveau personnage sort de nulle part pour le sauver. Ce schéma revient assez souvent dans le récit et si cela fonctionne les premières fois, ça devient moins crédible sur la longueur. Les personnages secondaires semblent donc exister simplement pour aider Chet au moment où il en a besoin sans avoir vraiment leur propre voix dans le récit. 

Finalement, même si je ressors de ce roman un peu mitigée vis-à-vis de tous les points mentionnés, Un reflet de lune reste un roman très divertissant avec une intrigue extrêmement dynamique, un univers solide et un personnage principal plein de potentiel qui, j’en suis sûre, plaira a beaucoup d’autres lecteurs. Je pense qu’il a surtout manqué un peu de développement dans l’intrigue et l’univers pour vraiment me convaincre, mais je ne regrette pas d’avoir découvert ce récit qui m’a emmené avec plaisir dans ce Paris post-apocalyptique.


Conclusion


Avec Un reflet de lune, Estelle Faye retourne dans l’univers post-apocalyptique imaginé dans son romans Un éclat de givre. Les deux romans se lisent complètement indépendamment et j’ai beaucoup aimé découvrir ce Paris noyé sous les eaux et animé par une atmosphère à la fois décadente et conflictuelle. La plume poétique et très visuelle d’Estelle Faye nous emmène aisément dans le récit et nous offre une intrigue dynamique et sans temps mort. Je n’ai malheureusement pas accroché avec le personnage principal, Chet, dont j’ai trouvé la personnalité un peu superficielle et qui se laissait un peu trop porter par les évènements à mon goût. Finalement, l’intrigue est un peu légère, que ce soit dans son déroulé ou dans sa résolution qui arrive très vite et j’aurais aimé qu’elle soit un peu plus étoffée étant donné son potentiel. 

avis mitigé

Je remercie les éditions ActuSF pour l’envoi de ce roman en service-presse

D’autres avis : DupCélindanaéFantasy à la carteAelinel – ?

10 réflexions sur “[Chronique] Un reflet de lune, d’Estelle Faye

  1. OmbreBones 10 février 2021 / 18 h 10 min

    Deuxième chronique que je lis aujourd’hui et qui est mitigée. J’avais pas trop envie de le lire pour le moment parce que je le sentais pas et ta chronique me fait me dire que j’ai bien fait 😅 peut être plus tard quand l’humeur y sera !

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  2. Baroona 10 février 2021 / 18 h 27 min

    J’avais bien aimé « Une éclat de givre » mais mes souvenirs ne sont pas assez vifs pour te dire si c’était bien différent. J’imagine que tu ne comptes pas le lire ?

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  3. zoelucaccini 19 février 2021 / 17 h 55 min

    Je viens de le finir, j’ai bien aimé mais comme le premier, je trouve qu’il manque qqch au niveau de l’intrigue, et surtout de son dénouement. Ca va trop vite, c’est survolé, les péripéties ne s’enchaînent pas elles se juxtaposent, comme tu le montres si bien dans ta chronique. Je te rejoins complètement dans ton analyse sur l’intrigue.
    Comme le premier, je suis restée sur ma faim. Ca n’enlève rien à la peinture post Apo de Paris, à l’ambiance jazzy que j’aime toujours. Mais. Mais, arf. Il manque qqch.

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    • Sometimes a book 19 février 2021 / 22 h 07 min

      Oui on est d’accord, c’est vraiment dommage parce que y’a un fort potentiel, mais l’intrigue est vraiment sous-développée :/

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