[Chronique] La machine – tome 1, de Katia Lanero Zamora

 
La machine

« Vian imagina une tout autre sorte de fête, faite de bière et de poussière, pour célébrer l’ère nouvelle qui se levait sur Panîm après des années d’affrontement : la Machine avait cessé de n’être qu’une idée, elle était devenu un parti et ce parti était un rival de taille pour les prochaines élections. »


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La Machine – tome 1
Autrice :
Katia Lanero Zamora
Illustration : Zariel
Éditeur : ActuSF
Genre : Fantasy
Date de parution  : 19 février 2021
Nombre de pages : 360
Prix : 19,90 €
 
Synopsis
Nés dans le confort de la famille noble des Cabayol, Vian et Andrès sont deux frères inséparables. Mais dans un pays où la révolution gronde et où les anciens royalistes fourbissent leurs armes pour renverser la toute jeune République, ils vont devoir choisir leur camp… Grande fresque familiale où les batailles politiques rejoignent les bouillonnements personnels, La Machine est une œuvre forte, absolue et puissante.
 

MON avis

J’ai découvert Katia Lanero Zamora avec son excellent roman Les ombres d’Esver parut fin 2018 aux éditions ActuSF. Depuis, j’attendais avec impatience la sortie d’un nouveau roman de l’autrice et je n’ai donc pas attendu plus longtemps avant de découvrir La Machine. Si j’ai retrouvé la plume envoûtante de l’autrice, ce roman très différent du précédent m’aura finalement moins plu. Ce n’est pas évident d’expliquer mon ressenti sur La machine, car je n’ai pas grand-chose à lui reprocher, simplement des thématiques qui m’auront moins parlé. 

Une tragédie familiale

La machine est un roman assez difficile à classer, puisqu’il s’éloigne des codes des genres utilisés habituellement. Il relève du genre de la fantasy puisqu’il prend place dans un monde imaginaire, mais est aussi très ancré dans notre Histoire puisqu’il s’inspire de la guerre civile espagnole qui a duré de 1936 à 1939. Inutile pourtant d’avoir beaucoup de connaissances dans ce conflit pour comprendre le récit, car le roman nous plonge surtout dans une tragédie familiale où deux frères vont devoir choisir un camp : renier leur famille en s’engageant du côté des travailleurs révolutionnaires ou bien conserver leur place du côté royaliste. Les chapitres suivent donc alternativement les points de vue de deux frères : Vian et Andrès, deux personnages extrêmement proches malgré leur personnalité très différente. 

Andrès est un partisan du camp des travailleurs et à leur parti nommé « La machine » donnant son titre au roman. C’est un jeune homme assez extravaguant, qui aime faire la fête, boire, flirter avec des filles et notamment Léa une fervente défenseuse de la cause des travailleurs. Si Andrès est tiraillé entre sa famille et son amour pour Léa au début du récit, celle-ci jouera beaucoup de son influence pour le faire basculer de son côté. De l’autre côté, on suit Vian, un jeune homme un peu plus effacé, cherchant à se faire bien voir de sa famille et à faire le moins de vagues possibles pour cacher son homosexualité, orientation sexuelle qui était fermement condamnée à cette époque. Pour faire honneur à sa famille, il s’est engagé dans l’armée royaliste, le début du roman se situant juste avant son départ sur le front pour 4 ans. Ces portraits de ces deux frères que tout oppose peuvent sembler assez clichés et pourtant l’autrice a apporté un grand soin dans la construction de ses personnages. Si on sent dès le départ qu’Andrès et Vian prennent des chemins différents, leur route n’est pas pour autant toute tracée, et ils sont tous les deux tiraillés par des sentiments opposés. De plus, des passages de leur enfance sont incorporés dans le texte permettant de mieux comprendre leur choix. 

Plus qu’un véritable plaidoyer politique, La machine est avant tout un roman très intimiste nous emmenant dans une fresque familiale où la tension s’accentue de pages en pages en parallèle de la colère des travailleurs et où l’on sent la dimension tragique se tisser peu à peu. 

Des thématiques fortes qui ne m’ont malheureusement pas touchée

Si La machine est objectivement un bon roman, aux thématiques fortes qu’il réussit à traiter avec beaucoup de nuances, ce qui n’était pas simple, il ne m’aura malheureusement pas touchée. Je pense que le problème que j’ai eu vient du parti-pris du roman de s’inscrire entre les genres de la fantasy et de l’historique sans vraiment faire un choix. Pour un roman de fantasy, il n’y a aucune explication sur le monde dans lequel on se trouve, mais qui est vraiment trop proche de l’Espagne pour qu’on puisse l’imaginer comme un monde imaginaire. Il n’y a pas non plus d’explications ni de contexte historiques qui permettraient plutôt de rapprocher le roman de ce genre. Cet entre-deux ne m’a pas vraiment permis de m’immerger dans le récit, puisqu’il me manquait des explications, soient historiques soient fictionnelles, pour comprendre le contexte de l’histoire. J’ai honnêtement du mal à saisir l’intérêt de placer ce texte dans un monde alternatif alors que la même histoire aurait pu se dérouler en Espagne et devenir simplement une fiction historique sans perdre de sa qualité. Malheureusement, ce flou a fait que j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire et à m’attacher aux personnages qui sont vraiment les éléments porteurs de ce récit. L’intrigue reste assez classique et est même prévisible et repose énormément sur la puissance des liens familiaux et les émotions que le destin divergeant des deux frères va procurer au lecteur. Cela n’a pas fonctionné sur moi, mais je ne doute pas que ça fonctionnera sur d’autres, car comme je le disais plus haut, La machine est un premier tome plein de qualités et très bien écrit. 


Conclusion


Le premier tome de la Machine est une fresque familiale s’inspirant de la guerre civile espagnole nous emmenant dans l’intimité d’une famille et surtout de deux frères qui vont devoir choisir entre l’honneur familial et la révolution. Andrès et Vian ont des caractères assez opposés et pourtant possèdent un lien très fort qui est savamment décrit dans le récit par l’autrice. Elle nous livre le questionnement des deux frères, des éléments de leur passé nous aidant à comprendre leur cheminement et finalement les directions opposées qu’ils vont choisir. Si le tout peut paraître assez manichéen, ce n’est pourtant pas le cas, car le récit est bien nuancé et les personnages bien construits. La tension et la dimension tragique augmente au fil des pages donnant un peu de relief à cette intrigue un peu trop prévisible. Si le parti-pris de l’autrice de ne pas ancrer réellement son récit dans un genre littéraire précis (fantasy ou historique) m’aura empêchée de vraiment rentrer dans l’histoire et de m’attacher aux personnages, je ne doute pas que ce roman aux thématiques fortes touchera beaucoup de lecteurs. 

avis mitigé

Si mon avis est un peu mitigé, d’autres lecteurs ont adoré ce roman, n’hésitez pas à aller voir leur chronique : OmbrebonesL’ours inculteYuyine – ? 

11 réflexions sur “[Chronique] La machine – tome 1, de Katia Lanero Zamora

  1. Light And Smell 17 mars 2021 / 9 h 07 min

    Cet entre-deux qui semble assez déstabilisant ne devrait pas me gêner outre mesure, d’autant que j’aime beaucoup l’idée de dilemme menaçant des liens familiaux forts…

    Aimé par 1 personne

  2. Baroona 17 mars 2021 / 12 h 55 min

    « J’ai honnêtement du mal à saisir l’intérêt de placer ce texte dans un monde alternatif » : la liberté d’écrire sans se soucier de la véracité à chaque instant ?
    Je pense que cet élément ne me dérangera pas, donc je garde le titre dans ma liste, en espérant accrocher. ^^

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    • Sometimes a book 17 mars 2021 / 21 h 15 min

      Oui mais justement je trouve que le même texte aurait pu se dérouler dans notre monde sans changer un seul mot du récit donc la liberté d’écrire sans se soucier de la véracité reste exactement la même (mais bon ça ne sera peut-être plus le cas dans les prochains tomes et ça je peux comprendre !). Mais oui si cet aspect ne te gêne pas et que le roman te tente, n’hésite pas !

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  3. OmbreBones 17 mars 2021 / 18 h 20 min

    Ta chronique est vraiment bien, elle remet les choses en perspective ! Je pense que l’autrice n’a pas eu envie d’écrire de l’historique pur car ça permet plus de liberté d’invention et de mélanger les éléments historiques, politiques ou sociaux comme elle l’entend sans devoir se plier à l’histoire avec un grand H. Mais je comprends que ça puisse déstabiliser quand on espère autre chose. C’est quand même dommage que tu aies été déçue finalement 😦

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    • Sometimes a book 17 mars 2021 / 21 h 14 min

      Ah merci ce n’était pas évident à écrire comme chronique ! Oui je suis d’accord, mais justement j’aurais bien aimé qu’elle aille plus loin dans l’invention du coup, mais ça reste mes attentes personnelles et je pense que de comme je n’ai pas accroché plus que ça avec les personnages ça n’aurait pas changé grand-chose à mon ressenti finalement.

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  4. Yuyine 19 mars 2021 / 9 h 08 min

    Je comprends parfaitement ce que tu lui reproches. C’est un roman excellent mais l’aspect flou fantasy/historique peut déstabiliser et les thématiques vont toucher différemment chaque lecteurice. Pas facile de mettre des mots sur une lecture qu’on a moyennement aimé tout en ayant rien à reprocher. Chapeau pour ça!
    (PS: merci pour le lien!)

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