Entre ce titre qui laisse songeur et ce résumé qui n’en dit que très peu, il n’est pas facile de savoir ce qui se cache derrière ce court texte de Gauthier Guillemin. Métempsychogenèse est une novella de science-fiction qui derrière son nombre de pages réduit offre une lecture très riche qui propose une approche assez originale d’une thématique pourtant déjà bien connue.
Comme Rivages du même auteur, Métempsychogenèse est ainsi un texte avec une forte dimension écologique. Le récit se déroule sur une Terre dévastée par la présence humaine et qu’il faut désormais accepter de quitter. Les humains préparent donc un voyage interstellaire vers un nouvel endroit habitable et alors que plus de la moitié de la population est déjà en état de stase cryogénique, une question demeure : Comment sauver l’art et la culture de l’humanité ?
C’est là que commence l’originalité de ce texte qui s’intéresse réellement à la manière dont l’art et la culture forgent notre humanité, laissant de côté les questionnements courants dans ce type de contexte apocalyptique. Le récit propose ainsi une réflexion sur l’essence de l’humanité et sur la peur du vide que laisserait l’absence de culture. Mais comment transporter la culture comme on peut transporter les humains ? Et c’est là qu’intervient la métempsychogenèse. Difficile de parler de cette novella sans expliquer ce terme et donc spoiler la thématique principale, donc je vous conseille de ne pas lire la suite si vous voulez aborder le texte sans rien savoir.
Le terme métempsychose se rapporte à la croyance qu’une même âme peut animer successivement plusieurs corps (définition wikipédia). C’est sur cela que se basent les scientifiques que l’on va suivre dans cette novella qui tentent de ramener les âmes de poètes et d’écrivains disparus afin de leur faire intégrer de nouveaux corps. Mais le procédé de stabilisation des esprits dans ces corps est difficile et beaucoup d’esprit sombrent dans la démence avant d’y parvenir. Gauthier Guillemin aborde de cette manière et avec beaucoup d’habileté la question des troubles psychiques et notamment la notion de double et de l’impression qu’une autre personne que nous-même occupe notre propre corps. Il fait intervenir, entre autres, Gérard De Nerval, auteur qui a fait de son expérience de la folie un objet littéraire et qui a lui-même abordé ce phénomène de dédoublement.
Je ne me demande plus si ce que je subis est juste ou injuste, ou même si cela me convient. Ma première vie s’est achevée entre hallucinations et abattement, ma seconde vie m’a transporté d’un endroit à un autre pendant que je murmurais à l’oreille de Nau. Et maintenant ? Je n’attends rien de plus. Je suis tourmenté, tordu en tout sens, mais mon esprit continue de compiler ce que j’expérimente. Chaque jour, j’atteins une plus grande compréhension du prodigieux dessein de l’univers.
Outre ces questionnements sur l’essence de l’humanité, sur ce qui forge notre esprit et qui crée nos différences, Gauthier Guillemin porte ici un véritable hommage à la littérature et à la poésie. Il nous offre un texte imprégné de nostalgie qui nous montre la richesse de notre culture. Mais Gauthier Guillemin n’oublie pas non plus la notion écologique de son texte, nous donnant au passage une réflexion sur la notion d’élus, sur le fait de partir coloniser d’autres planètes alors que l’on en a déjà détruit une. Faut-il rester sur une planète non habitable ou partir recommencer ailleurs ? Les courants de pensée s’affrontent dans le récit jusqu’à un final juste et émouvant.
Métempsychogenèse est donc un texte court, mais très riche qui porte un bel hommage à la littérature et à la poésie. Sur fond d’apocalypse liée à l’effondrement écologique, il nous interroge sur notre humanité et sur notre rapport à l’art tout en portant un message écologique juste et pertinent.
Livre reçu en service de presse de la part les éditions 1115 que je remercie !
D’autres avis : Fantasy à la carte
Auteur : Gauthier Guillemin
Maison d’édition : 1115
Genre : Science-fiction
Publication française : 20 mars 2024
Nombre de pages : 105 pages
Prix : 9 € (broché)
Sometimes a book 
bcp aimé aussi cette novella, j’ai adoré certains personnages, ici et dans cette époque contemporaine.
et oui le final était superbe !
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