[Chronique] Le phare au corbeau, de Rozenn Illiano

Le Phare au corbeau
 
« Ce fantôme, ils ne l’ont jamais vu, à l’exception du petit Enzo qui, lui, l’oubliera de la même façon qu’on oublie un cauchemar de notre enfance. Moi, je me rappellerai pour toujours ses yeux morts, ceux qui ne voient pas, et son joli visage tordu par l’incompréhension et la rage. Elena figurera à jamais dans ma mémoire, au milieu de tous les autres, comme des photos collées dans un album. Parfois, j’aimerais qu’ils disparaissent. Ainsi que ma double vue. »


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Le phare au corbeau
Autrice :
Rozenn Illiano
Illustration : Xavie Collette
Éditeur : Critic
Genre : Fantastique
Date de parution : 22 août 2019
Nombre de pages : 383
Prix : 20 €
 
Synopsis
Agathe et Isaïah officient comme exorcistes. L’une a les pouvoirs, l’autre les connaissances ; tous deux forment un redoutable duo. Une annonce sur le réseau social des sorciers retient leur attention. Un confrère retraité y affirme qu’un esprit nocturne hante le domaine d’une commune côtière de Bretagne et qu’il faut l’en déloger. Rien que de très banal. Tout laisse donc à penser que l’affaire sera vite expédiée. Cependant, lorsque les deux exorcistes débarquent là-bas, le cas se révèle plus épineux que prévu. Une étrange malédiction, vieille de plusieurs générations, pèse sur le domaine de Ker ar Bran, son phare et son manoir. Pour comprendre et conjurer les origines du Mal, il leur faudra ébranler le mutisme des locaux et creuser dans un passé que certains aimeraient bien garder enfoui…
 
MON avis
Je gardais bien au chaud ce roman pour le Pumkin Autumn Challenge, car même s’il se passe en été, l’ambiance sombre, humide et la thématique autour des esprits collent parfaitement bien pour la période automnale. Et effectivement, ce fut une lecture idéale pour la saison dans laquelle j’ai trouvé une profondeur à laquelle je ne m’attendais pas en plus d’être un excellent divertissement. 
 
Le Phare au corbeau revisite la thématique de la chasse aux fantômes avec le duo de personnages principaux : Agathe et Isaïah qui possèdent des dons complémentaires leur permettant de faire partir les esprits coincés sur Terre. Ainsi Agathe est capable de voir les fantômes, mais ne possède pas le don complet qui lui permettrait de pratiquer le rituel nécessaire pour les faire partir. Si elle souffre beaucoup de cette différence, elle a su créer un lien fort avec son coéquipier qui la complète parfaitement. Cette complémentarité les rend très agréables à suivre et donne une bonne dynamique au récit. Ces deux personnages sont très bien construits et le personnage d’Agathe est particulièrement mise en valeur dans le récit. Ses failles, ses angoisses, mais aussi ses forces et son humanité sont bien décrits par Rozenn Illiano. Isaïah et les autres personnages sont moins développés, mais forment un cercle de personnages secondaires convaincants qui permettent à Agathe de se révéler d’autant plus.
 
Le roman démarre très fort dès les premières pages puisque l’on découvre le duo de sorcier en plein mission dans une habitation hanté. L’autrice rentre directement dans le vif du sujet, permettant au lecteur de se familiariser tout de suite avec l’univers : la question des fantômes, la manière dont Agathe et Isaïah pratiquent leur « exorcisme », les difficultés auxquelles ils doivent faire face, la réaction et les sentiments des habitants confrontés à la présence surnaturelle… Beaucoup de thématiques sont abordées dès les premiers chapitres et vont être développées tout au long du roman. Après cette mise en bouche surnaturelle, l’histoire démarre véritablement avec le départ du duo vers la Bretagne pour découvrir l’affaire qui va les occuper tout au long du récit. Car l’on s’en doute, les choses vont se révéler bien plus compliquées que ce à quoi s’attendaient Agathe et Isaïah au départ. 
 
Si l’autrice avait commencé à dessiner une belle atmosphère au récit dans les premiers chapitres, c’est vraiment en Bretagne que les choses vont véritablement prendre vie. Les décors de ce petit village de Bretagne, de la demeure malmenée par les siècles et de son phare au bord de la falaise collent parfaitement bien avec le ton et les thématiques du roman. On imagine aisément les paysages et l’ambiance brumeuse de ce lieu où va se dérouler la majorité de l’action. La couverture très sombre retranscrit d’ailleurs tout à fait le sentiment que l’on peut ressentir en lisant les pages de ce roman. On retrouve cette atmosphère un peu lugubre qui va très souvent avec les histoires de maisons hantés, rien de très innovant à ce niveau-là, mais le tout est bien exploitée. Et si Rozenn Illiano réussi à créer une belle ambiance, elle n’en oublie pas pour autant l’action, et les scènes dans lesquelles apparaissent les fantômes ne tardent pas à arriver et elles ne manquent pas de dynamisme et de rebondissements ! L’autrice prend également le soin de construire une histoire particulière à ce lieu hanté, on repart souvent dans son passé pour découvrir ses anciens occupants, pour comprendre comment les légendes qui existent autour de la demeure et surtout de son mystérieux phare ont débuté. Le récit devient rapidement très prenant, alternant des scènes d’action avec des scènes plutôt tournées autour de l’enquête. Pour mener à bien leur exorcisme, Agathe et Isaïah vont devoir s’immerger dans le passé des fantômes qui hantent le lieu et donc dans le passé de ce village Breton. Ils vont repartirent sur les traces d’anciennes légendes et surtout affronter une malédiction.
 
Le phare au corbeau me semblait être un récit de fantômes assez classique et j’ai été très agréablement surprise d’y découvrir une profondeur et une sensibilité auxquelles je ne m’attendais pas. La plume de Rozenn Illiano est assez simple, mais touchante et très entraînante. Ce roman aborde de nombreuses thématiques très bien traitées qui touchent à la fois la nature même des personnages, leur différence, mais aussi le pouvoir des souvenirs et du passé. Le récit prend finalement une direction bien moins classique que ce à quoi je m’attendais et les retournements de situation finaux sont mêmes tout à fait surprenants. Si le roman n’est pas dénué de quelques défauts comme quelques maladresses parfois et une fin est un peu rapide, il propose une intrigue extrêmement divertissante et surprenante et de chouettes thématiques. Une excellente découverte en résumé !

Conclusion


Le Phare au corbeau met en scène un duo de personnages : Agathe et Isaïah possédant des dons complémentaires permettant d’exorciser des lieux hantés par des fantômes. Loin d’un roman classique de maisons hantés, Le phare au corbeau nous emmène dans un récit dynamique misant à la fois sur l’action et les rebondissements et sur l’ambiance brumeuse et mystérieuse de la Bretagne. Rozenn Illiano nous propose ainsi un récit extrêmement divertissant et une intrigue bien plus profonde que ce à quoi on peut s’attendre. Les personnages et les thématiques abordées sont traitées avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité. L’autrice questionne beaucoup sur la différence, mais aussi sur la question des souvenirs et de l’héritage. Ces thématiques sont bien développées et s’intègrent parfaitement dans le récit qui alterne des scènes explosives et des scènes plus posées alternant entre passé et présent. Ces dernières nous plongent dans les secrets de ce village de Bretagne, dans la malédiction qui entoure le phare et dans l’histoire des fantômes qui le hante. Un roman à la fois immersif et surprenant, un très bon divertissement avec des personnages touchants et des thématiques bien traitées !
TB lecture
 

14 réflexions sur “[Chronique] Le phare au corbeau, de Rozenn Illiano

  1. OmbreBones 30 octobre 2021 / 6 h 33 min

    Merci pour le lien ! J’ai du relire ma chronique après la mienne pour me rappeler de ce que j’en avais pensé 😅 le texte ne m’avait pas marqué plus que ça sauf pour son héroïne.

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  2. pages pluvieuses 30 octobre 2021 / 10 h 26 min

    Alors déjà que ce roman me faisait envie, là tu me fais presque trépigner d’impatience de mettre les mains dessus et de m’y plonger séance tenante !

    Aimé par 1 personne

  3. tampopo24 30 octobre 2021 / 10 h 28 min

    J’ai aussi aimé la surprise et l’ambiance mais j’ai eu un sentiment de trop peu sur l’enquête personnellement…

    Aimé par 1 personne

  4. Yuyine 5 novembre 2021 / 12 h 32 min

    J’en garde également un bon souvenir et je serai curieuse de découvrir le production paharaonique de l’autrice en auto-édition.

    Aimé par 1 personne

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